Un ingénieur de l’EPFL a découvert un moyen de donner de la valeur aux déchets miniers : les utiliser pour produire des surfaces en quartz, un matériau composite utilisé dans les cuisines et salles de bains. Le plus grand producteur mondial de minerai de fer, l’entreprise brésilienne Vale, a adopté l’idée.
Quand on extrait du minerai de fer, il ne sort pas sous la forme sous laquelle on le vend. Seule la partie la plus avantageuse, économiquement parlant, est conservée. Le reste devient déchet. En 2013, Emile Scheepers, ingénieur en métallurgie, s’est intéressé à ce sujet lors de son Executive Master of Business Administration (EMBA) à l’EPFL. «Avec mon équipe, nous avons découvert que les sous-produits miniers riches en quartz peuvent être utilisés pour la production d’un produit très populaire dans les maisons, les surfaces en quartz de synthèse», explique-t-il. Il présente alors son projet innovant à l’entreprise minière brésilienne Vale, le plus grand producteur mondial de minerai de fer. La multinationale adopte l’idée. Hier, elle présentait le projet «Vale Quartz» aux médias.
Le quartz de synthèse est un matériau de plus en plus populaire, une alternative au marbre et au granit, couramment utilisé dans les cuisines et salles de bains notamment. Pour produire cette pierre de synthèse, du quartz est réduit en poudre avant d’être mélangé à des résines plastiques et à des pigments. Le tout est ensuite compressé et passé au four. Il en résulte un matériau ultra robuste et non poreux, donc plus facile à entretenir que les pierres naturelles. «L’industrie du quartz de synthèse vaut trois milliards de dollars rien qu’aux USA. C’est un marché énorme. Actuellement, le quartz naturel qui est utilisé pour produire ces matériaux coûte plus de 100 dollars par tonne, c’est très cher. Notre produit est significativement meilleur marché», annonce Emile Scheepers, aujourd’hui employé de Vale dans sa succursale suisse.
Transformer un résidu en ressource
«En plus de l’évidente réduction de déchets, ce projet permet de partir de quelque chose qui n’a pas de valeur et de le transformer en un produit qui peut profiter à beaucoup», continue-t-il. L’entreprise veut par exemple construire l’usine de production de ce matériau au Brésil, dans une zone dominée par l’extraction minière, ce qui permettrait de diversifier l’industrie locale et de créer, selon eux, 80 emplois directs.
Pour l’heure, «Vale Quartz» reste cependant au stade de projet. Vale cherche à diversifier l’utilisation de ses résidus riches en quartz. «Ils sont assimilables à du sable, précise Emile Scheepers. Or, le sable est l’une des ressources naturelles les plus utilisées, et il est plus rare que ce que l’on pourrait penser.» L’entreprise propose donc d’utiliser les déchets miniers à la place du sable naturel et espère que son projet aura un effet catalyseur pour des actions futures autour de la transformation de déchets miniers en produits durables.