Cancer du sein: découverte majeure pour traiter les complications cérébrales

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(© Image: Depositphotos)
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Complication tardive du cancer du sein, la métastase cérébrale réduit sensiblement l’espérance de vie des femmes qui en sont atteintes. Grâce à un nouveau modèle préclinique, des scientifiques de l’Université de Fribourg ont identifié un des mécanismes impliqués dans cette funeste évolution, ainsi que de nouvelles cibles thérapeutiques. Des résultats importants qui laissent entrevoir de nouveaux traitements.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes, en Suisse et dans le monde. Au cours de ces dernières décennies, d’importants progrès thérapeutiques ont été réalisés avec une amélioration non seulement de la qualité de vie des patientes, mais aussi du taux de survie. Dans certains cas, la maladie provoque malheureusement la formation de tumeurs secondaires dans d’autres organes, les métastases. Leur traitement constitue un défi majeur en oncologie clinique, en particulier lors d'atteinte au cerveau. Les cas sont en augmentation tandis que les options thérapeutiques à disposition restent limitées.

Un nouveau modèle de métastases spontanées au cerveau
L’absence de modèles expérimentaux représentatifs de la situation chez les patientes constitue un obstacle majeur pour la recherche dans ce domaine. L’équipe du Professeur Curzio Rüegg, en collaboration avec des groupes de recherches des Universités de Berne, Bordeaux et Lausanne, du CHUV, de l’Institut Ludwig, et de l’Institut Suisse de bio-informatique à Lausanne, vient de publier une étude qui comble cette lacune et propose de nouvelles approches thérapeutiques.
L’auteure principale de l’étude, la Docteure Girieca Lorusso et son équipe, a d’abord développé un nouveau modèle de métastase cérébrale pour un sous-type de cancer du sein dit ’triple négatif’. Ce modèle est unique dans son genre car il reproduit spontanément les étapes du processus métastatique vers le cerveau, comme chez les patientes. En combinant des techniques de génomique fonctionnelle, des expériences de biologie cellulaire et animale, des interventions génétiques et pharmacologiques, les chercheuses et chercheurs ont découvert une classe de molécules à la surface des cellules cancéreuses, les connexines, responsables d’un nouveau mécanisme de métastatisation. Les connexines agissent en activant une molécule intracellulaire (appelée FAK, pour Focal adhesion kinase), qui coordonne ensuite d’autres évènements moléculaires permettant la survie des cellules tumorales pendant leur ’voyage’ vers le cerveau et, une fois dans le cerveau, sa colonisation.

Des nouvelles pistes thérapeutiques
En inhibant une série de molécules impliquées dans ce mécanisme, et en particulier FAK, les chercheuses et chercheurs ont non seulement pu prévenir la formation des métastases cérébrales, mais aussi arrêter leur progression chez la souris. Ils ont par ailleurs déjà identifié une deuxième molécule, le récepteur de PDGF, dont l’inhibition a également démontré des effets thérapeutiques encourageants. Comme certains inhibiteurs de FAK se trouvent actuellement au stade du développement clinique et que des inhibiteurs du récepteur de PDGF sont déjà utilisés dans certains traitements oncologiques, on peut espérer que leurs effets anti-métastatiques seront rapidement testés dans des études cliniques. Originaux et remarquables, ces résultats ouvrent des nouvelles perspectives thérapeutiques en vue d’améliorer la prise en charge des patientes avec métastases cérébrales du cancer du sein.

L’étude vient de paraître dans la revue Science Translational Medicine.