Le télescope spatial suisse CHEOPS fêtera son 1000ème jour en orbite autour de la Terre ce mardi 13 septembre. Son excellent état lui permettra de rester actif encore plusieurs années.
En plus d’un million de minutes d’observation, CHEOPS a étudié les exoplanètes sous toutes leurs coutures: leur côté nuit, lorsqu’elles passent devant leurs étoiles, leur côté jour lorsqu’elles passent derrière leurs étoiles, et toutes leurs phases intermédiaires, semblables à celles de la Lune. «Les données précises que nous avons recueillies grâce à CHEOPS ont porté leurs fruits: plus de cinquante articles scientifiques ont été publiés ou sont en cours de préparation. Ils sont co-écrits par plus d’une centaine de scientifiques formant une équipe internationale travaillant dans des dizaines d’institutions à travers l’Europe», rapporte Willy Benz, professeur émérite d’astrophysique à l’Université de Berne et responsable du consortium CHEOPS.Tout ce travail a pu être réalisé malgré l’impossibilité pour l’équipe scientifique de se réunir physiquement pendant la pandémie. Aujourd’hui, pour la première fois depuis le lancement de CHEOPS, tous les scientifiques participant à la mission se rencontrent à Padoue, en Italie, du 12 au 14 septembre, pour partager leurs résultats face-à-face. «C’est la première fois en trois ans que nous pouvons enfin nous réunir», déclare David Ehrenreich, scientifique de la mission et professeur d’astronomie à l’Université de Genève. «C’est une sensation extraordinaire de célébrer ensemble ce que nous avons découvert en 1000 jours et de discuter de ce que nous ferons ensuite.»
À la découverte d’autres mondes
Les découvertes comprennent, par exemple, la caractérisation de planètes si proches de leur étoile qu’elles ressemblent à des ballons de rugby en raison des immenses forces gravitationnelles auxquelles elles sont soumises, ou de planètes dont l’atmosphère brûlante contient du fer sous forme de gaz. CHEOPS a également étudié des systèmes planétaires entiers: «En détectant un système composé de six planètes, dont cinq tournent autour de leur étoile dans une fragile harmonie, CHEOPS nous a également donné un aperçu des conditions nécessaire à la formation de systèmes planétaires», poursuit David Ehrenreich.
Au début de cette année, le télescope spatial a une fois de plus démontré sa précision étonnante en mesurant la faible lumière réfléchie par une planète située à 159 années-lumière dans la constellation de Pégase. «Bien que cette planète, HD 209458b, soit certainement l’exoplanète la plus étudiée à ce jour, il nous a fallu attendre 22 ans pour mesurer la lumière visible réfléchie par son atmosphère. Cela n’a pu être possible que grâce à la précision de CHEOPS et au suivi continu que permet ce télescope spatial», déclare fièrement Benz.
«Même après 1000 jours en orbite, CHEOPS fonctionne toujours comme un charme et ne montre que de très légers signes d’usure, causés par les particules énergétiques émises par le Soleil», déclare Andrea Fortier, responsable scientifique de l’instrument CHEOPS à l’Université de Berne. Dans ces conditions, la chercheuse s’attend à ce que CHEOPS puisse continuer à observer d’autres mondes pendant un bon moment: «CHEOPS poursuivra sa mission autour de la Terre au moins jusqu’en septembre 2023, mais nous travaillons activement avec l’Agence spatiale européenne et le Swiss Space Office pour prolonger la mission jusqu’à la fin de 2025 et peut-être même au-delà», déclare Andrea Fortier.
Les capacités de CHEOPS vont continuer à servir la communauté scientifique, même maintenant que le télescope spatial James Webb, plus gros et plus puissant, est en service. «Nous sommes convaincus qu’avec sa haute précision et sa flexibilité, CHEOPS peut servir de pont entre d’autres instruments et Webb, car le puissant télescope a besoin d’informations précises sur des cibles d’observation potentiellement intéressantes. CHEOPS peut fournir ces informations - et ainsi optimiser le fonctionnement de Webb», souligne Willy Benz. C’est déjà le cas, puisque le télescope Webb observera, plus tard cette année, plusieurs systèmes mis en évidence par CHEOPS.