Une étude décrypte le lien entre l’écosystème intestinal et les retards de croissance qui affectent les enfants dénutris.
Chez les enfants, la dénutrition - c’est-à-dire la consommation et/ou l’assimilation insuffisante de nourriture pour couvrir les besoins de l’organisme - se manifeste principalement par des retards de croissance. Ces derniers toucheraient, selon l’ Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture , 22% des moins de 5 ans à l’échelle mondiale (estimation pour l’année 2020).
Une étude publiée récemment dans PNAS, et dont la première auteure est Pascale Vonaesch , actuellement professeure assistante au Département de microbiologie fondamentale de l’Université de Lausanne, s’intéresse au rôle des communautés microbiennes intestinales (microbiote) dans la dénutrition. Cette recherche, coordonnée par le Pr Philippe Sansonetti , dernier auteur de l’article, a été menée pendant six ans par l’Institut Pasteur en collaboration avec l’Institut Pasteur de Madagascar et l’Institut Pasteur de Bangui, tous trois membres du Pasteur Network, dans le cadre du projet Afriobiota soutenu par la Fondation Total.
Les travaux, réalisés à Madagascar et en République centrafricaine auprès de 1000 enfants âgés de 2 à 5 ans, ont mis en évidence que plus de 80% des sujets avec un retard de croissance présentent une pullulation bactérienne anormale dans l’intestin grêle (small intestinal bacterial overgrowth, SIBO). Il s’agit plus spécifiquement de bactéries initialement présentes dans la bouche qui prolifèrent dans l’intestin grêle. à l’aide de modèles expérimentaux (des cultures de cellules et des souris), Pascale Vonaesch et ses collègues du Pasteur Network ont montré que ce phénomène freine l’assimilation des lipides. Cette malabsorption des graisses pourrait en partie expliquer le retard de croissance dont souffrent les enfants. ’à terme, nous souhaiterions intervenir sur le terrain pour rééquilibrer le microbiote. Dans ce cas, améliorer l’hygiène buccale pourrait peut-être avoir un effet bénéfique sur la croissance’, souligne Pascale Vonaesch.
Découvrir l’article scientifique paru dans PNAS
Comment le microbiote influence la dénutrition
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