Plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde sont infectées par des helminthes transmis par le sol. Ces infections se produisent principalement dans les zones tropicales et subtropicales de l’Afrique subsaharienne, des Amériques, de la Chine et de l’Asie de l’Est et sont étroitement liées à la pauvreté. Les infections peuvent entraîner une carence en nutriments, une anémie et des troubles de la croissance. Les enfants et les adolescents sont donc particulièrement vulnérables à ces effets néfastes. Les infections à helminthes transmissibles par le sol sont causées par plusieurs espèces de vers parasites. L’une d’entre elles est le trichuris trichiura.
Limites des médicaments actuels
Compte tenu de leur vulnérabilité accrue, les programmes de lutte se concentrent souvent sur les enfants d’âge préscolaire et scolaire. La principale stratégie pour éliminer les helminthes transmis par le sol est la chimiothérapie préventive sous forme d’administration massive de médicaments. Les médicaments de choix sont l’albendazole et le mébendazole. "Si ces médicaments donnent généralement de bons résultats dans le cas d’autres infections par des vers parasites, ils ne sont pas satisfaisants dans le cas des infections par Trichuris trichiura ", a déclaré Jennifer Keiser, responsable de l’unité de développement des médicaments contre les helminthes au Swiss TPH.Les thérapies combinées ont suscité une attention croissante ces dernières années en tant que stratégie de lutte contre les helminthes, afin d’améliorer l’efficacité et de ralentir le développement de la résistance aux médicaments. En 2017, l’OMS a recommandé l’association d’ivermectine et d’albendazole comme traitement contre les helminthes transmis par le sol. -L’objectif de notre étude était d’évaluer l’efficacité et l’innocuité d’une nouvelle combinaison de traitement, la moxidectine et l’albendazole, par rapport à l’ivermectine et l’albendazole contre Trichuris trichiura, a déclaré Sophie Welsche, récemment diplômée d’un doctorat au Swiss TPH. L’étude a été menée avec des partenaires du Laboratoire de santé publique, Ivo de Carneri sur l’île de Pemba, en Tanzanie, auprès d’adolescents fréquentant l’école secondaire.
Des recherches antérieures ont montré des résultats prometteurs de l’administration d’albendazole et de moxidectine contre Trichuris trichiura. -La moxidectine est un candidat particulièrement intéressant car la communauté des maladies tropicales négligées a exprimé des inquiétudes quant à une résistance potentielle à l’ivermectine en raison de sa longue histoire d’utilisation dans les programmes d’administration massive de médicaments contre les maladies filariennes", explique Emmanuel Mrimi, doctorant au Swiss TPH.
L’ivermectine et l’albendazole donnent de meilleurs résultats thérapeutiques
Contrairement aux hypothèses initiales, les résultats de l’étude ont montré que la moxidectine et l’albendazole sont inférieurs à l’ivermectine et à l’albendazole dans la lutte contre les infections à Trichuris trichiura. Mais la moxidectine pourrait servir d’alternative dans les zones où l’ivermectine n’est pas facilement disponible. -L’administration facile, unidose et indépendante du poids rend la moxidectine appropriée pour les programmes d’administration massive de médicaments à grande échelle contre les helminthes transmis par le sol, par rapport à l’administration d’ivermectine dépendante du poids ", a déclaré Keiser.En outre, la moxidectine peut également être utilisée pour traiter une autre infection par un ver parasite, à savoir l’onchocercose, communément appelée cécité des rivières. Keiser poursuit : "Dans les régions où la moxidectine peut être administrée contre l’onchocercose, une demande conjointe de médicaments pour une approche intégrée des maladies tropicales négligées pourrait être envisagée.
Les résultats ont été publiés le 28 octobre dans la revue The Lancet Infectious Diseases.
