Libéralisation de la marijuana médicale et santé mentale aux États-Unis

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 (Image: Pixabay CC0)
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Aux États-Unis, la libéralisation de la marijuana à des fins médicales n’a guère eu d’impact sur la santé mentale de la population en général. Mais la légalisation à des fins thérapeutiques profite à ceux pour qui elle a été conçue. C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Université de Bâle.

Aux États-Unis, l’accès à la marijuana a été facilité dans la plupart des États depuis le milieu des années 1990, que ce soit par l’autorisation de son usage à des fins médicales ou par la dépénalisation de sa consommation récréative. Cette libéralisation reste toutefois controversée, et les effets sur le bien-être de certains groupes de personnes ainsi que la valeur thérapeutique de la marijuana continuent de faire l’objet de débats.

Alors que certains craignent les conséquences négatives de la dépendance, pour d’autres, les avantages médicaux potentiels pour les personnes souffrant de douleurs chroniques, de nausées ou de crampes l’emportent.

Des chercheurs bâlois ont mené une nouvelle étude pour savoir si la législation sur le cannabis médical aux Etats-Unis améliore la situation des personnes malades et si elle a un impact négatif sur la santé mentale de l’ensemble de la population.

Analyse basée sur les probabilités

Pour leur analyse, les chercheurs ont réuni deux grands ensembles de données : D’une part, il s’agit des données de près de huit millions de personnes qui ont participé entre 1993 et 2018 à des enquêtes téléphoniques dans le cadre du ’Behavioral Risk Factor Surveillance System’, dans lesquelles le bien-être psychique est entre autres évalué. D’autre part, il s’agit de données issues de la ’National Survey on Drug Use and Health’, qui rassemble des informations sur des thèmes liés à la santé comme la consommation de drogues aux États-Unis.

Les chercheurs ont créé différents groupes à l’aide de classifications statistiques. Ils comprennent des personnes qui sont très probablement abstinentes en ce qui concerne la consommation de marijuana, qui utilisent la marijuana comme drogue récréative ou qui la consomment pour des raisons médicales. En outre, les personnes les plus susceptibles de souffrir de douleurs chroniques ont été identifiées. La santé psychique a été évaluée à l’aide d’une auto-évaluation, dans laquelle les personnes interrogées ont indiqué le nombre de jours où elles avaient eu des problèmes psychiques au cours du mois précédent.

Effets positifs en cas de consommation thérapeutique

A l’aide de méthodes statistiques, les chercheurs ont pu évaluer les effets d’une autorisation légale de la marijuana à des fins médicales. Résultat : l’accès facilité améliore la santé mentale des personnes qui consomment de la marijuana pour des raisons médicales. Il en va de même pour les personnes qui ont de fortes chances de souffrir de douleurs. Les auteurs de l’étude estiment que ces deux groupes passent 0,3 jour de moins par mois en mauvaise santé mentale grâce à la modification de la loi.

En même temps, les chercheurs n’ont trouvé aucun effet sur la santé mentale des consommateurs récréatifs ou sur les groupes de population plus jeunes. Dans l’ensemble, nos résultats montrent que la législation sur le cannabis médical aux Etats-Unis profite aux personnes pour lesquelles elle a été conçue, sans nuire à d’autres groupes’, résume le responsable de l’étude, Alois Stutzer de l’Université de Bâle.

Publication originale

Jörg Kalbfuss, Reto Odermatt, Alois Stutzer
Législation sur la marijuana médicale et santé mentale aux Etats-Unis
Health Economics, Policy and Law (2024), doi : 10.1017/S1744133124000033