Le bois mort en forêt est indispensable à la conservation de milliers d’espèces associées à cet habitat. Une étude de la chercheuse Elena Haeler a montré que non seulement la quantité, mais aussi la répartition du bois mort jouent un rôle important.
Jusqu’à présent, les recherches sur le bois mort ont surtout porté sur les quantités présentes dans l’écosystème forestier. La répartition du bois y a souvent été négligée. La spécialiste autrichienne de la forêt Elena Haeler - collaboratrice scientifique à la BFH-HAFL au moment de l’étude - et ses partenaires de recherche suisses ont voulu changer cela, et ont étudié comment la répartition du bois mort influence la biodiversité, en se concentrant sur les coléoptères.
Sur 69 placettes de la forêt du Sihlwald, dans les environs de Zürich, les chercheurs et chercheuses ont placé quatre fagots de branches contenant respectivement une, trois, six et douze branches. Ces fagots furent suspendus durant une année à des arbres à 1.3 mètre du sol et furent colonisés par des coléoptères dont les larves se développent dans le bois. Les résultats indiquent que le nombre d’espèces de coléoptères augmente avec la taille du fagot de branches. Mais il y a aussi eu une surprise : ’ Ensemble, les trois petits fagots de branches abritaient autant d’espèces différentes que le plus grand, bien qu’ils contiennent moins de branches ’, résume Elena Haeler. ’ Nous supposons que l’hétérogénéité sur de petits espaces pourrait jouer un certain rôle ’, explique Haeler. Toutefois, d’autres études sont nécessaires pour étayer cette hypothèse.
Une bonne répartition du bois mort
L’hétérogénéité du bois mort peut être augmentée par une répartition dispersée. Même si les morceaux de bois ne sont séparés que de quelques mètres, cela implique de petites différences dans l’environnement, comme la lumière, la température et l’humidité. ’ Cela peut créer des habitats variés pouvant accueillir différentes espèces. Les espèces qui colonisent en premier un morceau de bois influencent également les espèces qui peuvent arriver plus tard ’, explique Elena Haeler. Les premières espèces peuvent par exemple apporter des champignons potentiellement nécessaires à certaines espèces suivantes. Mais même si le bois mort est réparti de manière optimale, cela ne compense pas le fait qu’il n’y a globalement pas assez de bois mort en forêt. Il en faut davantage et surtout des morceaux de grande dimension, ce qui peut par exemple être favorisé en laissant les cimes des arbres abattus, et de préférence de différentes essences. E. Haeler conclut : ’ Pour favoriser la plus grande diversité possible d’organismes, il ne faut pas nettoyer la forêt, mais laisser du bois, réparti sur la surface de la forêt. ’