Les bactéries résistantes peuvent rester dans le corps pendant des années

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 (Image: Pixabay CC0)
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Lorsque les antibiotiques ne sont plus efficaces, le traitement contre les bactéries pathogènes devient plus difficile. Les personnes souffrant de maladies préexistantes, en particulier, peuvent être porteuses de germes résistants pendant de nombreuses années et souffrir d’infections à répétition, montre une étude de l’Université et de l’Hôpital universitaire de Bâle.

Pneumonie, infection urinaire, septicémie : sans antibiotiques, ces maladies peuvent être fatales. Certaines bactéries ont développé la capacité de dégrader les antibiotiques dits bêta-lactamines, comme les pénicillines et les céphalosporines, et de les rendre ainsi inefficaces. Une fois que le corps d’un patient est colonisé par de telles bactéries résistantes, il peut le rester pendant longtemps, comme le rapportent les chercheurs de Sarah Tschudin Sutter dans la revue spécialisée ’Nature Communications’.

L’équipe du Département de recherche clinique de l’Université de Bâle et de l’Hôpital universitaire de Bâle a analysé plusieurs échantillons prélevés sur plus de 70 personnes concernées sur une période de dix ans. Par rapport aux études précédentes, les chercheuses ont considéré une période nettement plus longue et se sont concentrées sur les personnes âgées présentant des maladies préexistantes. La question centrale était de savoir si et comment les bactéries résistantes des espèces Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli évoluent dans le corps au cours de cette longue période et comment elles se différencient les unes des autres à différents endroits du corps.

Des maladies répétées

Les analyses d’ADN laissent supposer que les bactéries s’adaptent au début relativement rapidement aux conditions de la région du corps colonisée, mais qu’elles subissent ensuite peu de modifications génétiques. Même après jusqu’à neuf ans, les bactéries résistantes étaient encore détectables chez les personnes concernées. Ces patients peuvent à la fois tomber malades à plusieurs reprises et être une source d’infection pour d’autres personnes. Ils constituent donc un réservoir pour ces agents pathogènes’, explique Lisandra Aguilar Bultet, premier auteur de l’étude.

Le fait de savoir cela est décisif pour le choix du traitement", explique Sarah Tschudin Sutter. Si une personne a déjà été infectée une fois par une bactérie résistante et qu’elle doit être traitée par la suite pour une nouvelle infection, il y a un risque que les antibiotiques standard ne soient plus efficaces dans ce cas également.

Transmission de la résistance

En outre, les chercheurs ont pu constater chez certains patients que des souches bactériennes de la même espèce, mais aussi d’espèces différentes, concrètement Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli, partagent les mécanismes de résistance génétiquement identiques via des éléments génétiques dits mobiles (p. ex. plasmides). Selon les chercheurs, l’explication la plus probable est que les bactéries se les sont transmises entre elles.

A l’hôpital, des mesures de protection particulières sont mises en œuvre lorsqu’un patient a été malade par le passé à cause de bactéries résistantes. Au quotidien, il est difficile de réduire le risque de transmission de ces agents pathogènes.

Ces résultats sur la diversité génétique bactérienne à laquelle on peut s’attendre chez certains patients au fil du temps peuvent servir de base précieuse pour d’autres études visant à analyser, de la part des bactéries et des personnes concernées, les facteurs liés à la durée de la colonisation et au passage de la colonisation à l’infection.

Publication originale

Lisandra Aguilar Bultet et al.
Diversité génétique intra-hôte des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu chez des patients colonisés à long terme.
Nature Communications (2023), doi : 10.1038/s41467’023 -44285-w