Comment les possibilités de comparaison influencent l’achat d’actions

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 (Image: Pixabay CC0)
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Investir son argent de manière à avoir une petite chance de réaliser des bénéfices élevés ? Ou plutôt choisir l’investissement qui promet des rendements modestes en série ? Un psychologue de l’Université de Bâle a étudié, dans le cadre d’une expérience scientifique, quel placement d’argent les gens préfèrent et à quel moment.

Lorsqu’une entreprise est introduite en bourse pour la première fois, les titres correspondants sont également appelés actions IPO (pour ’Initial Public Offering’). C’est typiquement le cas : Le rendement au cours des premières années après l’entrée en bourse est inférieur à la moyenne - à quelques exceptions près, pour lesquelles les choses se passent remarquablement bien dès le début. Les chances de réaliser des bénéfices élevés sont donc minimes.

Pourquoi les gens achètent-ils quand même des actions IPO ? Ils surestiment la probabilité que l’événement rare, la super-performance, se produise réellement. C’est ce que décrit la théorie Prospect, la principale théorie expliquant les décisions prises dans l’incertitude. C’est un peu la même chose pour les personnes qui participent à des loteries : elles espèrent gagner le gros lot.

Il existe aussi des placements financiers pour lesquels la répartition des gains et des pertes est très différente. Dans ce cas, il est très probable de prendre de petits bénéfices. Ils constituent pour ainsi dire le cas normal. En revanche, la probabilité d’une perte importante est faible. Exemple : les obligations catastrophes, appelées ’cat bonds’. Les compagnies d’assurance constituent leur réserve financière avec ces obligations afin de pouvoir couvrir la somme assurée en cas de catastrophe. Si rien ne se passe, les investisseurs reçoivent de petites primes en série. Mais si une catastrophe naturelle, statistiquement improbable, se produit, tout l’argent est perdu.

Quelle action choisir ?

Mais dans quelles circonstances les gens optent-ils pour tel ou tel type de titre ? Sebastian Olschewski de la faculté de psychologie a publié une étude à ce sujet dans la revue spécialisée ’PNAS’.

Lors de l’expérience, ses sujets devaient choisir entre deux ou trois actions différentes. Ici, des actions de type ’petites chances de gains très élevés’, là des actions de type ’grandes chances de petits gains avec des pertes rares mais élevées’.

Les informations sur la performance des actions, c’est-à-dire le moment où chaque action a rapporté quel rendement : le jour 1, le jour 2, le jour 3 et ainsi de suite, ont servi d’aide à la décision. Les sujets ont ainsi pu vérifier précisément le montant et la fréquence des gains pour chaque action.

Les gains fréquents sont privilégiés

Résultat : lorsque les gens ont la possibilité de comparer plusieurs types d’actions différents, leur décision s’en trouve fortement influencée. Et ce, en faveur des placements financiers de type cat bonds. Dans notre expérience, les sujets ont choisi des actions qui ont rapporté un bénéfice élevé la plupart des jours. Cet effet est également appelé "frequent-winner effect" par les spécialistes.

L’ampleur de ce phénomène s’est révélée lorsque les informations sur les gains ont été manipulées dans le cadre d’une deuxième expérience. En effet, les investissements de type "loterie" présentaient plus souvent un bénéfice plus élevé. Ce qui a rapidement incité les sujets à préférer ce type d’actions.

Mieux comprendre le marché des actions

Quelles conclusions peut-on tirer de cette étude ? Si nous voulons prédire le comportement sur le marché des actions, nous devons prendre en compte la manière dont les gens s’informent", explique Olschewski. Qu’ils se contentent d’acquérir de l’expérience sur une seule action ou qu’ils comparent deux ou trois options entre elles’.

Pouvoir prédire de telles choses est important pour les économistes ou les analystes qui veulent comprendre l’évolution des prix sur le marché des actions. Mais aussi pour les planificateurs sociaux - par exemple un Etat qui doit faire des investissements pour le bien de ses citoyens. En Suisse, explique le chercheur, une partie de la prévoyance vieillesse est investie sur le marché des capitaux.

Publication originale

Sebastian Olschewski, Mikhail S. Spector, Gaël Le Mens
Les gagnants fréquents expliquent les préférences de skewness apparentes dans les décisions basées sur l’expérience
PNAS (2024), doi : 10.1073/pnas.2317751121