Bernhard Wehrli: un départ à la retraite plein d’élan

      -      English  -  Deutsch  -  Français
Bernhard Wehrli et «son» technicien, Christian Dinkel à la «Free University KastBernhard Wehrli et «son» technicien, Christian Dinkel à la «Free University Kastanienbaum»

Il y a 45 ans, Bernhard Wehrli commence des études de chimie à l’EPF de Zurich. Cette voie l’amène à devenir chercheur, chef de département et membre de la direction à l’Eawag, professeur à l’EPF de Zurich et à occuper diverses autres fonctions. Le voilà maintenant parti à la retraite. Mais son engagement pour les milieux aquatiques et le développement durable ne faiblit pas.

Bernhard Wehrli est sans aucun doute un bâtisseur de passerelles - entre étudiants et enseignants, entre les disciplines, au sein du domaine des EPF et de l’Eawag, mais aussi avec les praticiens et les politiques. Cela ne veut pas dire que ses ponts ont toujours été empruntés par tous. Face aux politiques, il n’a jamais hésité à défendre avec ténacité des positions scientifiquement fondées. Il a ainsi été critiqué en haut lieu lorsque, fin 2019, il a attiré publiquement l’attention sur la nécessité de remédier au problème de l’excès de pesticides dans les cours d’eau alors que deux initiatives populaires étaient en cours à ce sujet. Il lui est également arrivé d’être en désaccord avec la direction de l’EPF de Zurich (sur la fermeture de l’Institut des sciences et politique) ou avec celle de l’Eawag (réorganisation) et il n’a jamais hésité à en expliquer clairement les raisons.

Un engagement sans faille pour l’interdisciplinarité dans la recherche et l’enseignement

Ces confrontations n’ont pas été de tout repos. Mais, en tant que scientifique engagé corps et âme dans la protection des eaux, Wehrli a pu enregistrer quelques succès, par exemple avec le projet interdisciplinaire «Ecocourant» (1997-2000). À travers ce projet, l’Eawag a établi des principes encore appliqués aujourd’hui pour la certification du courant produit de façon durable à partir de la force hydraulique. Certains aspects du projet, comme le problème des éclusées mis en évidence en aval des centrales à accumulation, ont même plus tard influencé les politiques. Il s’en réjouit - comme de la reconnaissance exprimée par les étudiantes et étudiants de sciences sociales de l’environnement ou de la création de lieux d’échange interdisciplinaire à l’EPF de Zurich comme le «Systempraktikum» ou l’ETH-Week.

La recherche, une institution ritualisée

Wehrli sait très bien que dans la recherche, le succès est tout relatif: «Celui qui s’avance un peu trop finit tôt ou tard par être ramené sur Terre par les referees; les idées vraiment neuves sont chose rare.» Le travail consiste bien souvent à étudier les mêmes problématiques d’un peu plus près avec de nouvelles approches et technologies. Il n’y rien de mal à ça, mais à la longue, c’est un peu lassant. Pour le chimiste plein d’imagination, la recherche est trop ritualisée, «presque comme l’Église».

On ne peut être réellement satisfait que lorsqu’on aboutit à des résultats qui contraignent à revoir les manuels. Pour illustrer sa pensée, Wehrli cite l’exemple de la redissolution du phosphore à partir du sédiment qui, contrairement à ce que l’on croyait, ne peut pas être empêchée par une aération artificielle des lacs : «Il nous a fallu des années pour mieux comprendre le processus.» Et d’évoquer aussi la surprise des chercheurs en constatant que des quantités considérables de méthane remontaient à la surface des lacs de retenue et s’échappaient ainsi dans l’atmosphère.