


Un engagement sans faille pour l’interdisciplinarité dans la recherche et l’enseignement
Ces confrontations n’ont pas été de tout repos. Mais, en tant que scientifique engagé corps et âme dans la protection des eaux, Wehrli a pu enregistrer quelques succès, par exemple avec le projet interdisciplinaire «Ecocourant» (1997-2000). À travers ce projet, l’Eawag a établi des principes encore appliqués aujourd’hui pour la certification du courant produit de façon durable à partir de la force hydraulique. Certains aspects du projet, comme le problème des éclusées mis en évidence en aval des centrales à accumulation, ont même plus tard influencé les politiques. Il s’en réjouit - comme de la reconnaissance exprimée par les étudiantes et étudiants de sciences sociales de l’environnement ou de la création de lieux d’échange interdisciplinaire à l’EPF de Zurich comme le «Systempraktikum» ou l’ETH-Week.
Lors de sa conférence introductive sur «les cours d’eau à l’ère de la transition énergétique» à la journée d’information 2019.

Bernhard Wehrli à la journée d’information 2002 sur le thème «Hydrosystèmes alpins - une diversité fragile en détresse». Vingt ans après, le problème est plus d’actualité que jamais.
La recherche, une institution ritualisée
Wehrli sait très bien que dans la recherche, le succès est tout relatif: «Celui qui s’avance un peu trop finit tôt ou tard par être ramené sur Terre par les referees; les idées vraiment neuves sont chose rare.» Le travail consiste bien souvent à étudier les mêmes problématiques d’un peu plus près avec de nouvelles approches et technologies. Il n’y rien de mal à ça, mais à la longue, c’est un peu lassant. Pour le chimiste plein d’imagination, la recherche est trop ritualisée, «presque comme l’Église».On ne peut être réellement satisfait que lorsqu’on aboutit à des résultats qui contraignent à revoir les manuels. Pour illustrer sa pensée, Wehrli cite l’exemple de la redissolution du phosphore à partir du sédiment qui, contrairement à ce que l’on croyait, ne peut pas être empêchée par une aération artificielle des lacs : «Il nous a fallu des années pour mieux comprendre le processus.» Et d’évoquer aussi la surprise des chercheurs en constatant que des quantités considérables de méthane remontaient à la surface des lacs de retenue et s’échappaient ainsi dans l’atmosphère.