Dans le cadre d’une mission de coopération humanitaire mandatée par la division Paix et Droits de l’Homme du DFAE, une équipe de l’école des sciences criminelles (ESC) de l’Université de Lausanne a appliqué des technologies avancées en Serbie et au Kosovo pour localiser des tombes clandestines, afin de soutenir la recherche des personnes disparues et de contribuer aux efforts de mémoire collective.
Du 14 au 25 octobre 2024, Hervé Daudigny et Daan Wintermans ont mis en oeuvre deux technologies de détection innovantes, LiDAR (Light Detection and Ranging) et GPR (Ground Penetrating Radar), pour explorer des zones potentiellement propices à l’inhumation clandestine.
- Le LiDAR utilise un laser disposé sur un drone pour mesurer la distance depuis le capteur jusqu’à la surface de la terre, créant une cartographie 3D de haute résolution du terrain. Cette technologie est particulièrement utile dans la détection de sépultures clandestines, car elle révèle les anomalies et perturbations subtiles du sol, même dans les zones boisées ou recouvertes de végétation dense. Les reliefs anormaux repérés par LiDAR indiquent des possibles lieux d’inhumation, permettant ainsi de concentrer les efforts d’investigation sur des secteurs ciblés.
- Le GPR, ou radar à pénétration de sol, émet des ondes électromagnétiques qui pénètrent la terre et renvoient des informations sur la structure et la densité du sous-sol. Lors de la recherche de tombes illicites, le GPR est capable de détecter des anomalies comme des cavités ou des différences de compactage du sol, caractéristiques des sépultures récentes ou clandestines. Ce processus non-invasif offre une alternative précieuse aux méthodes d’excavation, préservant le site jusqu’à confirmation des indices de présence.
Ces technologies de pointe sont actuellement également exploitées dans le cadre de la recherche doctorale de Marissa Koopman, qui se concentre sur l’amélioration des méthodes de détection appliquées aux enquêtes criminelles et humanitaires, notamment pour la localisation de tombes clandestines. Son travail vise à optimiser l’utilisation du LiDAR pour obtenir des résultats adaptés aux divers terrains où ces enquêtes peuvent être menées.
Pour affiner les technologies appliquées au Kosovo et en Serbie, Marissa Koopman, doctorante de l’ESC, a eu l’opportunité de tester en conditions réelles le LiDAR sur une trentaine de ’fausses tombes’ aménagées dans un champ aimablement mis à disposition par un agriculteur vaudois. Ce site expérimental a permis de simuler des sépultures clandestines en contrôlant les paramètres de profondeur et de densité du sol.
Afin de simuler la décomposition d’un corps humain, chaque tombe a été remplie de pommes de terre découpées. Ce choix de substitut repose sur des similarités physiologiques avec un corps humain dans un processus de décomposition : en se décomposant, les pommes de terre libèrent des liquides organiques et stimulent l’activité microbienne du sol, générant ainsi des effets physiques et chimiques comparables. Ces processus incluent la modification de la densité du sol, la création de dépressions en surface, phénomène également observé dans les sépultures réelles, ainsi que des modifications structurelles dans le sol, modifications détectables par les technologies comme le LiDAR.
Cette expérience sur le terrain est essentielle pour le projet de recherche de Marissa Koopman, car elle permet de mesurer la sensibilité et la précision de ces instruments dans des conditions proches de celles rencontrées sur les scènes d’enquête internationales. Les données collectées amélioreront la compréhension des effets de la décomposition sur les sols et aideront à perfectionner les techniques de détection, contribuant ainsi à des enquêtes plus efficaces et moins invasives.