Je peux lire la valeur de mon troisième pilier au centime près sur mon téléphone portable, effectuer l’achat d’une voiture en ligne en plusieurs clics, suivre la production d’électricité de mon installation solaire à la minute près et échanger des messages privés avec tout mon cercle d’amis. Mais lorsque je suis récemment partie en vacances, j’ai emporté mon carnet de vaccination, car je ne disposais nulle part de ces informations sous forme numérique. Après la débâcle sécuritaire du portail numérique "Mes vaccins", la crédibilité de la gestion des données médicales a encore baissé d’un cran. Le papier reste du papier.
Il serait pourtant avantageux, et pas seulement à l’étranger, d’avoir accès en ligne à mes données de santé tout comme à mes données bancaires. Pourquoi les banques réalisent-elles cette transformation numérique complexe de manière conséquente, alors que dans le système de santé, cela ressemble à une tâche gigantesque, à peine coordonnée et insoluble ? Oui, bien sûr, les banques ont bien sûr aussi beaucoup plus d’argent. Mais le fait est aussi qu’elles sont axées sur l’efficacité. Monsieur et Madame Suisse sont intégrés dans le flux de travail. Et font sagement les virements eux-mêmes - en ligne. En fait, cela permet d’économiser des coûts qui sont intégrés dans les bénéfices de la banque. Ou sont répercutés sur les clients, comme dans le cas des virements internationaux sous la pression de l’UE.
"Dans les soins médicaux, aucune économie financière ou de temps n’est actuellement réalisée grâce à la numérisation, et si elle l’est, elle n’est pas répercutée".
Comme nous le savons, le secteur financier est loin d’être le seul à fonctionner de cette manière. En raison de la forte pression sur les coûts, le secteur du voyage a également compris très tôt que seule la voie numérique avait de l’avenir. Le client final profite de l’offre et du prix. Pouvoir évaluer, en appuyant sur un bouton, qui se trouve où dans le monde en cas de crise, afin de pouvoir réagir le plus rapidement possible, est aujourd’hui un must.
Les exemples cités montrent de manière impressionnante où se situent les graves différences avec le secteur de la santé : Dans le domaine des soins médicaux, aucune économie financière ou de temps n’est actuellement réalisée grâce à la numérisation et, si elle l’est, elle n’est pas répercutée.
Jörg Goldhahn est professeur au département des sciences et technologies de la santé de l’EPF de Zurich.
En effet, dans de nombreux domaines de la technologie numérique, il manque encore la preuve qu’elle nous permet de réaliser des économies. Les effets pourraient pourtant être très variés : des économies de temps lors du diagnostic et de la thérapie jusqu’aux processus opératoires à l’hôpital, les technologies numériques seraient utiles. Il est possible d’économiser de l’argent aussi bien sur les coûts immédiats qu’en évitant les coûts indirects ou les examens à double. Les gains d’efficacité possibles dans le domaine du personnel sont également nombreux. Il serait souhaitable que chaque nouvelle solution numérique apporte au moins un effet d’économie. Et celui-ci devrait impérativement être répercuté - de préférence sur les patients !
Jörg Goldhahn a rédigé cet article avec sa collaboratrice Anja Finkel sous forme de chronique pour le Bulletin des médecins suisses .