Monsieur Vattioni, sur quoi porte votre étude ?
Nous nous sommes intéressés à une méthode de géo-ingénierie solaire. Il s’agit d’une technologie qui consiste à émettre des aérosols dans la haute atmosphère. Là, ils réfléchiraient ensuite une partie du rayonnement solaire vers l’espace. Dans notre étude, nous avons examiné quels aérosols se prêteraient le mieux à cet effet et quels processus influencent l’efficacité de la réflexion.
Que sont les aérosols ?
Les aérosols sont de minuscules particules qui flottent dans l’atmosphère. Ils ont un effet refroidissant sur le climat, car ils réfléchissent le rayonnement solaire. Les éruptions volcaniques, par exemple, sont un exemple naturel de cet effet : elles émettent du dioxyde de soufre qui forme des particules d’acide sulfurique dans l’atmosphère, ce qui a un effet refroidissant sur le climat. C’est pourquoi, jusqu’à présent, la plupart des recherches dans ce domaine ont porté sur l’émission de dioxyde de soufre.
Qu’avez-vous découvert exactement ?
Grâce à des simulations informatiques, nous avons pu montrer que la poussière de diamant - de minuscules particules de carbone pur - se prêtait particulièrement bien à la géo-ingénierie solaire dans les couches supérieures de l’atmosphère. Elle reflète le plus fortement la lumière du soleil et réduit certains des effets négatifs sur l’environnement qui résulteraient par exemple de l’injection de dioxyde de soufre.
Il faut l’expliquer.
Les aérosols d’acide sulfurique réchauffent localement la haute atmosphère, ce qui pourrait modifier la circulation atmosphérique globale et le régime global des précipitations. Cependant, la poussière de diamant ne montre presque aucun réchauffement de la haute atmosphère. Les aérosols d’acide sulfurique provoquent en outre des pluies acides. Ce n’est pas le cas de la poussière de diamant.
Cela semble presque trop beau. Les diamants dans l’atmosphère sont-ils vraiment une solution au changement climatique ?
Non, absolument pas. La géo-ingénierie solaire ne résout pas le problème du changement climatique. Elle a toutefois le potentiel d’atténuer temporairement certains de ses effets négatifs. La seule solution durable au changement climatique reste la réduction rapide des émissions mondiales de gaz à effet de serre à un niveau net nul et la mise en œuvre de techniques d’extraction de gaz à effet de serre.
Dans quelle mesure ces efforts progressent-ils ?
Pour l’instant, il ne semble malheureusement pas que les émissions mondiales de gaz à effet de serre vont diminuer de manière drastique dans les prochaines années. Nous risquons donc de franchir des seuils écologiques et climatologiques irréversibles. Pour réduire ce risque, la géo-ingénierie solaire pourrait réduire temporairement le réchauffement de l’atmosphère jusqu’à ce que nous atteignions l’objectif zéro net et que les techniques d’élimination des gaz à effet de serre soient mises en œuvre.
N’est-ce pas beaucoup trop risqué pour notre écosystème ? De nombreux experts mettent en garde contre les dommages collatéraux de la géo-ingénierie.
Nous devons absolument prendre ces inquiétudes au sérieux. Mais tout porte à croire que la poussière de diamant et les autres aérosols ont un impact moindre sur l’environnement que le dioxyde de soufre. Toutefois, les incertitudes sont encore très grandes à cet égard. C’est pourquoi il faut encore davantage de recherches avant de pouvoir envisager une éventuelle utilisation. Indépendamment de cela, l’utilisation de la géo-ingénierie solaire suscite également des réserves d’ordre moral : qui doit par exemple décider si et dans quelle mesure de telles technologies doivent être utilisées ? Il est cependant toujours important de comparer ces préoccupations avec les risques qui nous attendent à l’avenir en raison du changement climatique en cours.
Dans la couverture médiatique de votre étude, un montant d’environ 175 billions de dollars circule pour abaisser la température moyenne mondiale de 1,6 degré Celsius. Comment arrive-t-on à ce chiffre ?
Nous n’avons pas étudié les coûts d’une utilisation potentielle. D’autres études montrent toutefois que la production de poussière de diamant synthétique est très coûteuse et nécessite beaucoup d’énergie. Dans notre étude, nous avons toutefois pu démontrer que les particules de calcite sont aussi performantes que la poussière de diamant. Les pierres calcaires sont faites de calcite et se trouvent en grande quantité dans toutes les régions du monde. Dans ce cas, les coûts de production seraient probablement aussi avantageux que ceux du dioxyde de soufre.
Pourquoi cette recherche est-elle nécessaire ?
Je pense qu’au vu des sombres perspectives du changement climatique, nous avons besoin de recherches qui examinent le potentiel potentiel et surtout les risques potentiels de cette technologie. Ne pas faire de recherche sur cette technologie, voire l’interdire, constituerait également un risque, car nous nous détournerions alors d’une technologie qui pourrait contribuer à atténuer certains risques climatiques.