Le Prix du meilleur enseignement distingue Maxime Zuber

Cette année, c’est au tour d’un enseignant de la Faculté des sciences de se voir attribuer le Credit Suisse Best Teaching Award. La distinction honore le professeur de mathématiques Maxime Zuber, également recteur de la HEP-BEJUNE. A l’Université de Neuchâtel, Maxime Zuber dispense des cours de mathématiques générales et de statistique dans différents cursus de bachelor. Le jury a voulu récompenser ’ non seulement les compétences pédagogiques et la clarté de la structure de l’enseignement ’ du lauréat, mais aussi ’ son investissement constant ’ et ’ sa capacité à rendre les mathématiques accessibles et compréhensibles pour toutes les étudiantes et tous les étudiants, quelle que soit leur discipline d’origine ’. Entretien.

Maxime Zuber, que représente pour vous ce Prix ’ Il représente une magnifique reconnaissance, d’autant plus précieuse à mes yeux qu’elle émane des étudiant-e-s et qu’elle m’est remise par une université à laquelle je suis très attaché. Je la considère aussi comme une récompense pour mon engagement au service de la jeunesse et à celui d’une discipline : les mathématiques.

Qu’est-ce qui vous plaît dans les mathématiques ’ Je répondrais avec Stendhal que ’ j’aimais et j’aime encore les mathématiques pour elles-mêmes comme n’admettant pas l’hypocrisie et le vague, mes deux bêtes d’aversion ’. Au contraire de la politique, que j’ai bien connue, les mathématiques constituent un monde qui n’oblige ni à persuader, ni à convaincre. Les résultats sont indiscutables, parce qu’ils suivent des raisonnements logiques. Brasser ainsi la vérité et la partager a quelque chose de grisant !

Quelles sont vos astuces pour intéresser votre auditoire ’ Enfant timide, j’ai toujours hésité à poser des questions à mes professeur-e-s. Comme j’avais plutôt de la facilité dans toutes les matières, je m’efforçais d’y répondre seul dans un cheminement intérieur personnel. Avec l’habitude, je savais d’avance quelles questions mes camarades poseraient. J’étais assez content que l’on vienne me demander des explications.

Ce rôle de passeur de connaissances m’habite dès mon plus jeune âge. C’est aussi dû au fait d’être le troisième d’une famille de six enfants et que, par cette situation familiale également, j’étais régulièrement sollicité pour aider mon entourage. Devenu professeur, mon astuce est de deviner et d’anticiper les questions de mes étudiant-e-s. Et de voir au fond de leurs yeux l’étincelle qui scintille quand elles ou ils ont compris.

Quel souvenir gardez-vous de cette matière dans vos années d’études ’ J’en garde un souvenir lumineux. à l’UniNE, j’ai suivi les cours de professeurs prodigieux dont j’ai tenté de suivre l’exemple (Alain Robert, Werner Sörensen, etc.) de rigueur, de précision et de pédagogie. Le but d’un-e pédagogue doit être de porter une notion à son plus haut degré d’intelligibilité et de chercher à cette fin le chemin le plus court et la plus grande simplicité. J’ai connu des mathématiciens qui, par pédanterie, s’ingéniaient à rendre compliqué et hermétique ce qui ne l’était pas.

C’est peut-être pour cela que certaines personnalités affichent une ’ nullité jubilatoire ’, comme vous l’appelez, dès qu’on parle de mathématiques ’ Une attitude que je ne comprends pas. Comment peut-on, même en ayant fait des études, tirer une fierté d’être nul en mathématiques ’ Cette discipline est pourtant simple et belle, personne n’a le droit de dire bêtement qu’il est ’ nul en maths ’. Affirmer que l’on ne comprend littéralement rien à une matière est un non-sens. Il y a toujours quelque chose de compris.

Les mathématiques visent à simplifier un raisonnement, en évitant les redondances, et, si possible, avec élégance. Une feuille remplie d’équations n’est au fond pas plus difficile à déchiffrer qu’une partition de musique si on se donne la peine d’en apprendre les bases. La résolution d’un problème de mathématique pure n’a rien à envier à l’écriture d’une symphonie. Dans mes cours, je cherche à mettre à la portée de l’auditoire une capacité d’émerveillement devant la puissance d’un raisonnement mathématique.

Et au-delà de vos obligations professionnelles, quelles sont vos occupations ’ Je me ressource en pratiquant la course à pied à l’aube et en lisant de la littérature autre que scientifique. J’apprécie particulièrement les romans et les essais politiques. Et parmi les titres qui ont compté dans ma vie, je peux citer ’ La tache ’ de Philip Roth, ’ Belle du Seigneur ’ d’Albert Cohen, mais aussi tout Zola. Quant à mes livres de chevet actuels, je lis ’ Maniac ’ de Benjamin Labatut où il est largement question du génie mal aimé John von Neumann. Je viens de terminer la trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Mais en dehors de cela, je suis surtout grand-père d’une petite fille de deux ans qui ne cesse de m’émerveiller.

Bio express

Né en 1963 à Delémont, Maxime Zuber obtient une maturité scientifique au Lycée cantonal de Porrentruy. Après un passage en informatique à l’ETH Zurich, il change de voie pour rejoindre l’Université de Neuchâtel et suivre des cours de mathématiques couronnés en 1988 par une licence ès sciences (Prix Landry) et un doctorat en 1992 sous la direction du Prof. Alain Robert. Dès 1989, outre son enseignement à la Haute école Arc et au gymnase de Bienne, il assume à l’UniNE des mandats de chargé de cours en mathématiques et en statistique destinés à une grande partie des étudiant-e-s de la Faculté des sciences.

Nommé recteur de la Haute école pédagogique BEJUNE en 2016, Maxime Zuber s’engage dans la politique des hautes écoles suisses en tant que membre du comité de swissuniversities et vice-président de sa Chambre HEP mais aussi comme président du Conseil académique des hautes écoles pédagogiques romandes.

Très actif en politique, Maxime Zuber a été maire de la ville de Moutier durant vingt-et-un ans et député au Grand Conseil bernois de 2002 à 2016. En 2010, il fait partie de la catégorie Leader des 100 personnalités qui font la Suisse romande et se voit décerner le Prix de la Fondation Léchot-Légobbé pour son engagement en faveur du Jura.

Depuis 2006, la Credit Suisse Foundation octroie annuellement un prix à un-e enseignant-e qui se distingue par l’excellence de son enseignement ainsi que par l’intérêt de sa vision pédagogique.
  • Qualité de l’enseignement
  • Appréciation de l’enseignement par les étudiantes et étudiants
  • Caractère innovant de l’enseignement
  • Apport de l’enseignement à la formation des étudiant-e-s
  • Intérêt pédagogique des activités d’enseignement-apprentissage proposées aux étudiant-e-s


Le prix est décerné chaque année dans une faculté différente. Le/la lauréat-e est choisi-e par un jury désigné par le décanat de la Faculté. Il est composé d’étudiant-e-s en cursus bachelor et master. Le prix, d’un montant de CHF 10’000.-, est remis par le/la doyen-ne de la faculté concernée à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes.