L’oeuvre littéraire et philosophique de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) reste vivante. Elle est lue, enseignée et débattue avec une remarquable intensité. Pourtant, nous ignorons souvent que ce penseur majeur des Lumières était aussi un botaniste chevronné. Ses collections de plantes séchées, en particulier, demeurent peu connues. Rousseau confectionne des herbiers pendant les quinze dernières années de sa vie. Précieuses et fragiles, fragmentées et rarement exposées, les collections qui sont parvenues jusqu’à nous restaient difficiles à consulter.
Le site lesherbiersderousseau.org donne accès à leurs numérisations. Il met au jour près de 3700 spécimens végétaux que Rousseau a cueillis et séchés lui-même, ou qu’il a reçus de ses correspondants. Chaque plante et chaque note manuscrite sont accompagnées de données botaniques ou historiques. L’internaute y découvre ainsi un pan de la flore européenne et exotique du dix-huitième siècle, accompagnant Rousseau dans ses herborisations en plaine ou en montagne, et prenant la mesure de sa passion scientifique pour les végétaux.
Quatorze collections
Les quatorze collections présentées sont très diverses. Conservées dans onze institutions suisses et françaises, elles comptent des spécimens isolés, acquis par des bibliophiles et des amoureux de Rousseau, aussi bien que de vastes herbiers qui réunissent jusqu’à 1600 plantes. Certaines collections constituent de véritables oeuvres d’art : Rousseau les compose avec grand soin pour les offrir à des amateurs ou amatrices de botanique, et pour les encourager à pratiquer cette science.D’autres ensembles proviennent du dernier herbier de Rousseau. Parmi ces collections, le complexe herbier de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel (1242 plantes) ouvre une perspective sur l’atelier du botaniste qui sèche, fixe, nomme et classe les plantes. Enfin, un nombre conséquent de spécimens conservés par Rousseau provient du botaniste français Jean-Baptiste-Christophe Fusée-Aublet (1723-1778) qui a exploré la Guyane française et ramené des plantes exotiques en France.
Une recherche interdisciplinaire
Innovant sur les plans scientifique et informatique, le site constitue le résultat d’un projet de recherche interdisciplinaire conduit à l’Université de Neuchâtel entre 2020 et 2024, en partenariat avec la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel, et financé par le Fonds national suisse (FNS). Neuf scientifiques, historiens et informaticiens ont conjugué leurs efforts pour satisfaire les exigences des spécialistes de Rousseau et des botanistes, tout en produisant un site accessible au grand public. Cet instrument permet de feuilleter les herbiers de Rousseau, presque comme si les internautes les consultaient dans leurs lieux de conservation, et d’effectuer des recherches transversales dans l’ensemble des collections.Institutions partenaire
Projet porté par l’Université de Neuchâtel, le Fonds national suisse (FNS) et la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel.Institutions muséales ou archivistiques : Association Jean-Jacques Rousseau (Neuchâtel), Bibliothèque centrale de Zurich, Bibliothèque de Genève, Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras, Conservatoire et jardin botaniques de la Ville de Genève, Institut de France, Jardin botanique de Lyon, Musée Carnavalet - Histoire de Paris, Musée des arts décoratifs (Paris), Musée Jacquemart-André (Domaine de Chaalis), Musée Jean-Jacques Rousseau (Montmorency), Muséum national d’histoire naturelle (Paris).