Après des années de croissance fulgurante, les fonds durables sont actuellement confrontés à des vents contraires. Ce n’est pas le cas en Suisse : ici, les banques de détail misent spécialement sur les produits verts. Le thème de la "biodiversité" n’est toutefois guère occupé. C’est ce que montre une nouvelle étude de la Haute école de Lucerne.
Un quart de tous les fonds publics suisses sont considérés comme "durables" en Suisse. Les durables continuent de croître, mais l’élan s’essouffle nettement. Ainsi, moins de capitaux frais affluent dans les 2 325 fonds durables actuels. Les fonds durables ont pourtant de multiples facettes et se diversifient de plus en plus. Le dernier exemple en date est celui des placements qui veulent contribuer à la protection de la biodiversité. Un objectif ambitieux, comme le montre la dernière édition de l’étude Sustainable Investments de la Haute école de Lucerne (HSLU).
Pour la première fois depuis des années, les fonds durables sont confrontés à des vents contraires
Au cours des douze derniers mois, l’offre de fonds durables en Suisse a augmenté de 161 fonds (+ 7%). Avec 2’325 fonds, les clients ont aujourd’hui le choix entre trois fois plus de produits qu’en 2020. Le marché est toutefois confronté à des vents contraires : lors de nouveaux placements, les investisseurs ne privilégient plus systématiquement les fonds durables par rapport aux fonds conventionnels. Les tendances à la saturation du marché pourraient en être la raison - ou encore des considérations de performance : pendant de nombreuses années, les stratégies durables ont été bien rentables, mais la situation a changé depuis 2022 (figure 1). Les fonds durables sont souvent moins exposés aux énergies fossiles et à l’armement, ce qui peut être un avantage ou un inconvénient selon la situation du marché et les préférences des investisseurs.
Les banques de détail suisses misent sur les produits verts
L’étude montre que les banques de détail suisses misent de manière disproportionnée sur les placements durables (figure 2). Elles proposent à leurs clients 490 fonds publics propres, dont plus de la moitié sont clairement positionnés comme durables. Contrairement à l’ensemble du marché (12 pour cent), 87 pour cent des nouveaux fonds investis par les banques de détail suisses vont vers le durable. "Cette évolution indique que les fonds durables bénéficient actuellement d’une très grande priorité dans le conseil à la clientèle et la stratégie de distribution des banques de détail suisses", explique Manfred Stüttgen, coauteur de l’étude. "La mise en œuvre de la nouvelle autorégulation de l’Association suisse des banquiers sur les placements durables depuis début 2024 a probablement donné une nette impulsion à cette évolution", poursuit Stüttgen.
Biodiversité et capital naturel : risque financier ou opportunité d’investissement ’.
La biodiversité est un nouveau thème pour les fonds durables. La moitié des fonds de développement durable en Suisse examinent les entreprises pour voir si elles ont un impact négatif sur les zones de biodiversité à protéger. Pour les fonds conventionnels, seuls 21 pour cent le font (figure 3). Les investisseurs souhaitent de plus en plus être indemnisés pour la prise en charge des risques liés à la biodiversité. Des informations spécifiques sur ces risques sont donc souhaitables. Les entreprises des secteurs à utilisation intensive des terres, comme l’industrie alimentaire, l’agriculture, la sylviculture, la pêche ou l’extraction de matières premières, sont particulièrement concernées par les dommages causés à la biodiversité.
Le défi pour les gestionnaires de fortune ainsi que pour les investisseurs réside dans la mesure des risques liés à la biodiversité, la disponibilité de données appropriées et leur interprétation. "Jusqu’à présent, il n’existe pas encore de critères de mesure établis pour la perte de biodiversité par les entreprises", explique Brian Mattmann, co-auteur de l’étude. "Les données sur la biodiversité et les modèles qui les sous-tendent sont extrêmement complexes, ce qui fait de leur utilisation dans le cadre d’investissements financiers un défi", ajoute le professeur de la HSLU.
Un segment de niche d’environ quatre pour cent des 2 235 fonds durables sélectionne ses placements en tenant compte des chances d’avenir autour du thème de la "biodiversité". L’accent est mis sur les investissements dans des entreprises proposant des produits et des solutions innovants dans les domaines de l’économie circulaire, de l’approvisionnement en eau propre, de la réduction des déchets et du plastique, de la sylviculture durable et des infrastructures. Sur les 257 fournisseurs de fonds durables, seule une minorité exploite ce segment (voir les différents classements des fournisseurs).
Étude IFZ Sustainable Investments 2024
L’étude annuelle IFZ Sustainable Investments de la Haute école de Lucerne examine les fonds d’investissement durables avec autorisation de distribution publique en Suisse. Cette année, l’accent est mis spécialement sur les fonds durables et la biodiversité. Les résultats de l’étude seront présentés lors du Sustainable Investments Day, qui aura lieu cette année le 07 novembre 2024 à Zurich.
Le 21 novembre 2024, nous présenterons en outre l’étude en ligne lors d’un webinaire : inscription
L’"IFZ Sustainable Investments Studie 2024. Fonds durables et biodiversité" de 304 pages peut être commandée sous forme de livret à l’adresse ifz@hslu.ch pour 190 francs.