Que se passe-t-il lorsque l’aménagement du territoire est mis en ligne ?

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Avec la bourse de recherche, l’équipe d’Anna Hersperger essaie de co
Avec la bourse de recherche, l’équipe d’Anna Hersperger essaie de comprendre commennt la digitalisation transforme la planification spatiale. (Photo: Daniel Saakjans)

Les plans et les cartes numériques sont utiles, mais comment influencent-ils les résultats, quand l’aménagement se déroule dans un espace numérique - Quel est le rôle des entreprises de logiciels et les processus sont-ils alors politiquement et socialement équitables - Pour répondre à des questions comme celles-ci, la spécialiste en aménagement du territoire du WSL, Anna Hersperger, a reçu un Advanced Grant du FNS prestigieux.

Anna Hersperger, pourquoi faut-il étudier la digitalisation de la planification spatiale ?

La planification de l’espace public est en effet un processus très politique. Il est donc important de comprendre qui profite de la transformation digitale et qui n’en profite pas. Par exemple, la digitalisation est fortement encouragée par les entreprises qui développent des logiciels. Mais à l’heure actuelle, nous manquons d’informations sur l’impact que cela aura.

Qu’est-ce qui est digitalisé ?

Autrefois, dans le domaine de la planification spatiale, les plans - par exemple les plans de zones ou les plans directeurs - étaient établis sur papier sous forme de cartes et de rapports et pouvaient être consultés par le public. Aujourd’hui, cette pratique est remplacée. A l’avenir, tout sera saisi numériquement, sur des plateformes telles que les navigateurs SIG, au format PDF ou dans d’autres formats de texte. Pour l’instant, le papier est encore souvent la forme juridiquement contraignante, mais cela va changer.

Pourquoi est-ce un problème - Cela semble utile.

Oui, cela présente de nombreux avantages. Ceux-ci sont particulièrement mis en avant dans la recherche et le développement. Dans C’est un défi, car nous nous attendons à ce que beaucoup de choses se déroulent à petite échelle, mais qu’elles soient pertinentes dans leur ensemble. Par exemple, les communes ont beaucoup de libertés en matière planification spatiale. Mais elles ne sont pas toutes prévues dans les paramètres standards d’un logiciel et les communes utilisent donc peut-être moins leurs possibilités.

Qu’est-ce que la numérisation pourrait changer d’autre ?

Les groupes de personnes qui participent au processus de planification pourraient changer. Tous les projets de planification doivent être approuvés à la fin lors d’assemblées communales ou de votations. C’est pourquoi la population doit être impliquée, sinon il y aura de la résistance. Cette participation est une partie très importante de la planification spatiale. Mais si elle se déroule en ligne, c’est-à-dire que l’on peut consulter le plan et faire des commentaires, cela s’adresse à d’autres personnes que les ateliers traditionnels dans la maison communale. Les personnes qui sont moins habituées au numérique pourraient moins participer. Cela peut changer le résultat de la planification, - les plans eux-mêmes - mais aussi sa transparence ou son équité.

Ce sont des entreprises privées qui développent les technologies numériques. Qu’est-ce que cela signifie ?

Il y a peu d’entreprises de logiciels dominantes dans le monde en matière d’aménagement du territoire, cela leur confère beaucoup de pouvoir dans un domaine qui était jusqu’à présent dominé par le contexte politique local. C’est l’une de nos hypothèses de travail. L’intelligence artificielle est également de plus en plus utilisée, par exemple pour synthétiser des plans. Nous étudions ce qui est utilisé dans la pratique et l’impact que cela a.

Comment étudier cela ?

Nous étudierons d’une part la pratique, c’est-à-dire comment les planificateurs et planificatrices utilisent ces technologies. Notre deuxième objectif est d’étudier les motivations des fournisseurs de technologies de planification. Il s’agit d’un côté d’entreprises technologiques qui développent des SIG et des logiciels de planification, mais aussi d’entreprises de conseil qui conseillent les autorités. Le troisième axe concerne les portails en ligne eux-mêmes et la manière dont les données et les algorithmes qui les sous-tendent influent sur le résultat de la planification.

Quel est l’objectif de votre recherche ?

Nous voulons révéler les influences et les interactions des technologies, des données et des algorithmes sur les plans et les processus de planification. Nous souhaitons ainsi attirer l’attention sur ce sujet. En effet, la digitalisation a plus ou moins envahi la planification, sans que ses effets soient clairs, sans qu’il existe des normes d’or ou une pratique éprouvée (best practice). Un Si nous n’examinions que certains aspects, nous n’aurions finalement aucune compréhension de la manière dont la numérisation doit être évaluée et où il convient d’être particulièrement attentif. C’est pourquoi l’Advanced Grant est vraiment une opportunité exceptionnelle.

La personne

Anna Hersperger est aménagiste à l’ETH, responsable du groupe de recherche WSL Systèmes d’utilisation du territoire et membre de la direction du WSL. Elle étudie la manière dont les instruments et procédés de planification spatiale affectent et modifient l’espace public. En 2015, elle a obtenu un Consolidator Grant du FNS de 2 millions de CHF pour un Elle est aussi professeur honoraire à l’université de Bucarest.

Subventions avancées du FNS

En tant que pays tiers non associé, la Suisse est exclue du programme de recherche Horizon Europe de l’UE et de ses bourses de recherche prestigieuses et compétitives, les ERC Advanced Grants. C’est pourquoi le Fonds national suisse (FNS) a lancé, sur mandat de la Confédération, la mesure transitoire SNSF Advanced Grants 2023, qui s’adresse aux chercheurs qui souhaitaient postuler pour une ERC Advanced Grant. Seize chercheurs se sont vu attribuer un SNSF Advanced Grant, cinq femmes et onze hommes. Six des projets financés relèvent des mathématiques, des sciences naturelles et de l’ingénierie, cinq des sciences de la vie et cinq autres des sciences humaines et sociales.