Nous avons tous des gènes manquants. Certains concernent l’immunité et peuvent influer sur notre capacité à combattre les infections. Une équipe a identifié plusieurs gènes de l’immunité contre des virus et autres microorganismes qui sont non fonctionnels dans la population générale.
En alliant leurs compétences à celles des groupes Vital-IT/Swiss-Prot (SIB) dirigés par le Prof. Ioannis Xenarios (UNIL), ainsi qu’à celles de l’EPFL et de l’ETH Zurich, les chercheurs ont réalisé l’analyse la plus complète des défauts génétiques du système immunitaire. «L’observation principale est que plus de deux tiers des gènes de l’immunité contre les infections comportent des modifications incluant des cas ’d’interruption’ ou de ’non-fonctionnalité’», relève le Prof. Telenti. Cette étude offre de nouvelles voies d’exploration des différences entre individus dans leur capacité à contrôler des infections.
Entre 400 et plus de 1’000 gènes sont dédiés à l’immunité
Chaque individu fait appel à un certain nombre de gènes afin d’assurer sa protection contre des infections. On estime qu’entre 400 et plus de 1’000 gènes parmi les 22’000 gènes humains sont dédiés à l’accomplissement de cette tâche. Il est connu depuis des décennies que certaines personnes sont porteuses de défauts génétiques qui les rendent extrêmement susceptibles aux infections depuis la naissance - le cas le plus connu étant «l’enfant-bulle» qui a dû vivre dans un environnement stérile et protégé durant treize ans.
L’étude d’Amalio Telenti et de ses collaborateurs démontre que ce genre de défaut génétique pourrait être plus fréquent qu’initialement soupçonné. Les individus les plus vulnérables seraient ceux dont les deux chromosomes présentent ces défauts génétiques. Et ainsi, « La raison pour laquelle les individus semblent en bonne santé peut être expliquée par le fait que le défaut génétique n’est présent que sur l’un des deux chromosomes - celui hérité du père ou de la mère», détaille le professeur lausannois. «Nous poursuivons nos investigations dans le but de déceler si cela est malgré tout accompagné d’une susceptibilité discrètement accrue aux infections».
Antonio Rausell, premier auteur de l’article et expert en bio-informatique au SIB, précise: «Nous avons analysé le génome de plus de 7’500 individus ainsi que des données issues de plus de quinze virus différents afin d’aboutir à ces observations». Les résultats de cette recherche sont à découvrir dans PLOS Computational Biology, prestigieux journal dédié à l’analyse de données complexes dans le but de faire progresser la médecine et la biologie.
A propos du SIB
Le SIB Institut Suisse de Bioinformatique est une fondation académique sans but lucratif et d’utilité publique fédérant les activités dans le domaine de la bioinformatique en Suisse. Sa mission est de fournir les services informatiques essentiels pour la communauté des sciences du vivant, notamment en termes de bases de données, de logiciels, de serveurs internet et de calcul, ainsi que de support à l’analyse de données, tant au niveau national qu’international. Le SIB assure également un enseignement et une recherche bioinformatique de premier plan. Il a une longue tradition dans le développement de logiciels de pointe pour la recherche en sciences du vivant, ainsi que dans le support de bases de données à haut contenu informatif, telles que UniProtKB/Swiss-Prot, la référence mondiale en termes de connaissances sur les protéines. Le SIB fédère 52 groupes de recherche et de service reconnus internationalement dans les domaines de la protéomique, la transcriptomique, la génomique, la biologie des systèmes, la bioinformatique structurale, la bioinformatique évolutionnaire, la biophysique et la génétique des populations, à Bâle, Berne, Fribourg, Genève, Lausanne, Lugano et Zürich. Le SIB est un partenaire reconnu internationalement et ses services sont utilisés par les chercheurs du vivant au niveau mondial.