Il y a 20 ans, le vautour fauve était encore un hôte rare en Suisse. Grâce à un projet de réintroduction en France, de plus en plus de ces grands planeurs viennent passer l’été notre pays, offrant aux randonneurs d’impressionnantes observations.
Sempach. - Jusqu’il y a quelques années, l’observation d’un aigle royal ou d’un gypaète barbu représentait le point culminant d’une randonnée dans les Alpes suisses. Ces imposants rapaces ne sont aujourd’hui plus seuls dans le ciel : chaque été, plusieurs dizaines de vautours fauves visitent la Suisse. Avec une envergure pouvant atteindre 2,6 mètres, ce vautour est considérablement plus grand que l’aigle royal et à peine plus petit que le gypaète barbu.
Les données de la Station ornithologique de Sempach confirment que le vautour fauve est de plus en plus fréquent en Suisse : entre 1900 et 1980, on n’en comptait que 12 au total, mais dès le milieu des années 90, l’espèce était observée annuellement. Ces dernières années, des troupes de quelque 50 vautours, voire plus, ne sont plus rares.
L’augmentation marquée des observations de vautours fauves en Suisse est probablement due à un projet de réintroduction en France. L’effectif nicheur y a doublé au cours des 10 dernières années, pour atteindre environ 2 000 couples. Cependant, il est peu probable que les vautours se reproduisent aussi dans notre pays : les oiseaux n’apparaissent généralement pas avant avril, alors qu’ils pondent leur unique oeuf déjà en février ou même en janvier.
Pour l’instant, le vautour fauve n’est qu’un hôte estivant en Suisse. En ce moment même, les randonneurs ont de bonnes chances d’observer ces majestueux oiseaux. La région du Kaiseregg dans le canton de Fribourg, site traditionnel depuis plusieurs années, offre les meilleures opportunités. Mais les vautours peuvent apparaître n’importe où. Dès que plusieurs très grands rapaces tournoient ensemble, cela vaut le coup d’y jeter un oeil. Les vautours fauves sont grégaires et cherchent leur nourriture en groupe. Au contraire des aigles royaux et des gypaètes barbus, qui sont généralement des solitaires. Le spectacle de plusieurs vautours tournoyant au-dessus de nos têtes apporte une touche d’Afrique et est une expérience inoubliable.
Inestimable « police sanitaire »
Les vautours ne jouissent pas de la meilleures réputation : on les trouve sales et les considère comme messagers de la mort. Mais rien n’est plus faux. Les vautours jouent un rôle précieux de « police sanitaire ». Grâce à leur excellente vue, ils découvrent très vite les cadavres et les « nettoient » en très peu de temps. Ils préviennent ainsi la propagation d’épidémies et rendent des services inestimables aux systèmes sanitaires des pays du Sud.
Vue d’ensemble
Les observations actuelles de vautours fauves en Suisse peuvent être visionnées sur www.ornitho.ch/index.php?m_id=30337 .