Toute personne qui veut se protéger et protéger les autres d’une infection COVID-19 porte un masque. Mais qu’en est-il de l’impact environnemental de ce produit de masse, qui est utilisé des millions de fois - Les masques en tissu protègent-ils l’environnement ou est-il préférable d’utiliser des masques jetables - Les chercheurs de l’Empa ont étudié ces questions à l’aide d’analyses de cycle de vie et ont identifié les facteurs d’une conception durable.
Pendant la pandémie du coronavirus, nous les portons constamment sur le visage - des masques jetables en blanc et bleu ou des masques en tissu, appelés masques communautaires, de différents modèles. Ils sont utilisés des millions de fois par jour. Selon le type, ils finissent directement à la poubelle ou peuvent être nettoyés dans la machine à laver et réutilisés. Outre la fonction de protection des masques, leur compatibilité avec l’environnement est donc également un problème. Les masques jetables sont-ils un gaspillage de matériaux et une charge pour l’environnement - Ou bien les produits textiles ont-ils aussi des aspects environnementaux nocifs dont il faut tenir compte - Comment les masques en tissu se comparent-ils à ceux-ci - Quels sont les facteurs qui influencent le plus l’impact environnemental et comment rendre les masques plus durables sur le plan écologique - Des chercheurs de l’Empa travaillant dans une équipe interdisciplinaire ont étudié ces questions et ont maintenant publié leurs résultats (Sustainability).
Pour un premier bilan environnemental sur les masques, les chercheurs ont comparé des masques chirurgicaux jetables avec des masques en tissu à deux couches en coton. "Il s’agit d’une première analyse du cycle de vie simple qui nous a permis d’identifier les facteurs écologiques pertinents", explique Claudia Som, chercheuse à l’Empa du département "Technologie et société" de Saint-Gall, qui a coordonné l’étude interdisciplinaire. "Notre objectif était de créer une base pour optimiser la durabilité dès le stade de la conception du masque", explique Claudia Som.
Le bilan de CO2, la consommation d’énergie, la consommation d’eau et l’impact environnemental global de la production, de l’utilisation et de l’élimination des masques (exprimé en points d’impact environnemental, PEB) ont été calculés. Les effets ont été pris en compte pour une personne qui utilise les transports publics pour se rendre au travail tous les jours pendant une semaine et qui fait trois achats. Selon les recommandations du "Groupe de travail scientifique COVID-19" ( www.ncs-tf.ch ), cette personne utilise soit deux masques en tissu (utilisés alternativement) par semaine, qui sont lavés à 60°C après usage et jetés après cinq lavages, soit 13 masques chirurgicaux jetables en polypropylène.
Les calculs montrent que la consommation d’énergie est plus faible avec les masques en tissu qu’avec les masques chirurgicaux. En revanche, le masque chirurgical est plus performant que son homologue en coton en termes de bilan de CO2, de consommation d’eau et d’impact environnemental global. "La raison en est la production non durable et à forte intensité de ressources du coton", explique Roland Hischier, chercheur à l’Empa.
Les données utilisées sont basées sur une production mondiale moyenne supposée, dont la consommation d’eau est élevée en raison de l’irrigation, de la fertilisation et de l’utilisation de pesticides pour la production de coton. "Si la production devait être basée sur des régions à forte proportion d’irrigation pluviale et sur du coton biologique ou même sur du coton recyclé, la soi-disant empreinte hydrique des masques en coton serait très probablement bien meilleure", déclare Roland Hischier.
Le lavage des masques en tissu, en revanche, n’a que peu d’importance par rapport à la production. "Cela signifie que l’effet de levier le plus fort se situe dans la durée de vie des masques en tissu, puisque la plus grande partie de l’impact environnemental est causée par la production de ces masques".
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont analysé les effets de différentes options dans la conception des masques qui pourraient réduire l’impact environnemental. Cette analyse de sensibilité montre que des masques en tissu plus légers, d’un poids d’environ dix grammes - au lieu de douze grammes comme dans l’analyse initiale - entraînent déjà une réduction significative de l’impact environnemental.
La fréquence à laquelle les masques en tissu sont lavés avant de devoir être éliminés a un impact encore plus important. Si un masque en coton peut être lavé sept fois ou plus, le masque en tissu est plus performant que le masque jetable, non seulement en termes de consommation d’énergie mais aussi en termes de bilan de CO2. S’il est lavé 14 fois ou plus, le masque en tissu est même en avance en termes d’impact environnemental global. "Il y a des fabricants qui autorisent déjà 20, voire 30 lavages par masque", explique Melanie Schmutz, auteur principal de l’étude.
L’équipe de l’Empa a aussi étudié l’influence des différentes températures de lavage sur l’impact environnemental d’un masque. Cependant, il a été constaté que des températures de lavage plus froides, par exemple 40 ou 30 degrés, ne réduisaient guère l’impact environnemental. Certains des masques en tissu certifiés conformément aux exigences de la Task Force scientifique suisse COVID-19 sont fabriqués dans d’autres matériaux, par exemple en polyester, qui auront un impact différent sur l’environnement que le coton. Cette première étude d’évaluation du cycle de vie ne peut pas encore se prononcer sur ces masques.
Les chercheurs veulent ensuite inclure des facteurs supplémentaires dans l’analyse du cycle de vie, comme d’autres matériaux pour les masques en tissu (par exemple le polyester), des revêtements antiviraux et/ou antibactériens qui pourraient réduire davantage le nombre de cycles de lavage nécessaires, ou l’emballage, qui a une importance différente pour les masques chirurgicaux vendus individuellement que pour les emballages en vrac.
"Un autre sujet fréquemment discuté est aussi la pollution de l’environnement causée par des masques mal éliminés", déclare la chercheuse de l’Empa Claudia Som. L’objectif est maintenant de savoir si ces entrées dans l’environnement sont réellement pertinentes et si les masques biocompostables contribuent à réduire la pollution de l’environnement. Et tout cela doit tenir compte du fait que les masques doivent pouvoir faire une chose par-dessus tout : prévenir efficacement la transmission des virus.