Les technologies numériques et le déploiement à grande échelle de l’intelligence artificielle ouvrent d’ores et déjà de nouvelles perspectives pour le futur de notre environnement bâti, et s’apprêtent à altérer en profondeur notre rapport aux architectures que nous pratiquons. Ces enjeux sont au coeur de l’exposition Cyber Physical: Architecture in Real Time, curatée par la Professeure et directrice d’EPFL Pavilions, Sarah Kenderdine.
Équipés de lunettes à filtres bleu et rouge, les visiteuses et visiteurs pourront s’immerger dans les captivants environnements de lumière, de son et de mouvement de l’exposition. Ces installations cinétiques et sculpturales sont nées de la fusion entre une structure architecturale complexe et des projections 3D numériques. Grâce à l’intelligence artificielle et aux technologies interactives, elles sont capables d’écouter, d’apprendre et de se remodeler en temps réel au contact du public, créant ainsi de nouveaux espaces hybrides où le tangible et le virtuel s’entremêlent.
Penser une architecture collaborative et sensorielle
A l’ère des "bâtiments intelligents", Cyber Physical préfigure une architecture qui va au-delà de la fonctionnalité et de l’esthétique pour devenir une entité en constante évolution. Centrée sur l’humain, elle privilégie des expériences intimes et engageantes entre l’espace et ses occupantes et ses occupants. L’IA créative, pensée comme partie intégrante de l’enveloppe architecturale, ouvre alors la voie à une architecture réactive et collaborative, qui improvise et s’adapte à leurs actions.Cet ensemble d’oeuvres constitue l’aboutissement des recherches menées par Uwe Rieger et Yinan Liu au sein du arc/sec Lab de l’école d’architecture et de planification de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Faisant écho à la recherche et à l’expérimentation menées à l’EPFL dans les domaines de l’architecture, de l’ingénierie et de l’informatique, Cyber Physical vise à créer un dialogue avec celles et ceux qui étudient et façonnent les technologies et théories architecturales pour le futur de notre environnement construit. Plus encore, l’exposition rend accessible à un large public une conception novatrice de l’espace, en lui permettant d’envisager et de s’approprier des architectures cyber-physiques, ludiques et sensorielles.
LightWing II: Un voyage numérique à portée de main
La première des installations, LightWing II, permet de faire l’expérience d’espaces numériques d’une manière sensorielle et interactive. Une délicate aile transparente, à portée de main des visiteurs, agit comme un écran presque invisible qui donne corps à des projections en 3D. Lorsqu’elle est manipulée, elle immerge l’utilisatrice ou l’utilisateur dans des environnements virtuels et oniriques - essaim de créatures, bulle soyeuse, vortex de velours ou forêt de pissenlits - qui s’animent et réagissent aux plus légères de ses oscillations.En combinant des animations numériques tridimensionnelles à une structure physique en mouvement, LightWing II crée un lien sensoriel entre la personne et un environnement virtuel, tout en incluant les autres visiteurs. L’installation se vit alors comme une expérience collective, un espace hybride simultanément tangible et impalpable.
LightTank II: L’espace physique démultiplié
Le second espace de l’exposition est transfiguré par l’installation LightTank II. Monumentale structure transparente, ses quatre murs disposés en croix sont habillés de toute part de projections 3D qui transcendent et emplissent l’espace physique. L’avant et l’arrière-plan se confondent, les espaces physique et numérique se superposent parfaitement.Des capteurs permettent au public d’activer et interagir avec les projections tridimensionnelles et dynamiques qui évoluent autour de lui. Observable à 360°, LightTank II offre une expérience immersive et interactive aux multiples points de vue, une plongée dans un volume holographique en constante mutation.
LightSense: Une expérience émotionnelle et intime
La troisième installation, LightSense, propose une expérience intime avec un corps architectural immersif et réactif, piloté par l’intelligence artificielle. Suspendue dans l’espace au-dessus du public, elle déploie deux grandes ailes translucides qui se meuvent délicatement à la manière d’un oiseau. Leur envergure totale de 12 mètres est doublée de projections 3D, qui évoluent et se transforment au contact du public.Un microphone dressé au pied de la structure invite à interagir vocalement avec elle. Entraînée à partir de 60 000 poèmes, l’installation écoute et répond, créant un dialogue poétique et personnel. Ses réponses sont véritablement associatives et imprévisibles, la teneur émotionnelle de chaque conversation influence les projections. Le mouvement physique et l’animation numérique s’entremêlent, s’imprégnant de tendresse, de colère, de curiosité ou de joie.
LightScale II: Immersion dans un océan de données
La plus grande des salles accueille LightScale II, une installation à la fois légère et colossale qui s’étend sur près de 20 mètres de long. Maintenant un délicat équilibre grâce à un système de contrepoids, la longue structure horizontale oscille gracieusement dans l’espace. Ses mouvements lents et doux, perçus par un capteur de position, influencent les animations 3D qui drapent sa surface transparente. Elle évoque ainsi le passage d’une baleine géante traversant un océan virtuel ou matérialise des créatures marines invisibles. En permettant au public d’interagir physiquement avec des données numériques, LightScale II donne corps à des récits multi-dimensionnels et oniriques, et confère à l’espace un pouvoir narratif et émotionnel.Cyber Physical: Architecture in Real Time
22.9.2023.--16.6.2024EPFL Pavilions, Pavillon B
Mardi-Dimanche, 11h--18h
Entrée libre
go.epfl.ch/CyberPhysical
Vernissage
Jeudi 21.9.202317h--21h, Pavillon A
go.epfl.ch/CyberPhysical_Vernissage
Cyber Physical Symposium
Vendredi 22.9.20239h--17h, Pavillon A
go.epfl.ch/CyberPhysical_Symposium