Une vaste campagne participative a démarré récemment à l’UniNE. Son but - Récolter des messages vocaux envoyés par messagerie. Ces audios constitueront un corpus pour de futures recherches en linguistique, notamment étudier la langue parlée par les jeunes Romand-e-s, identifier l’émergence de nouveaux mots et expressions, ainsi que documenter les différences entre régions romandes.
Le projet ’ Donnez vos vocaux à la science ’ est une initiative novatrice, qui vise à collecter un vaste échantillon d’extraits de parole provenant de différentes régions de la Suisse romande. Les messages vocaux fournissent une source riche de données qui constitueront une archive sonore inédite. Chacun-e possède en effet sa propre manière de parler et cela raconte une histoire unique, qui lui est propre.
Pour mener cette recherche, l’équipe scientifique est composée de deux professeur-e-s de l’Université de Neuchâtel et d’un collaborateur scientifique. Le but de ces linguistes est de récolter des données qui pourraient conduire à des avancées significatives dans des domaines tels que la compréhension du langage, l’identification des accents régionaux, l’émergence de nouvelles expressions, ou encore la reconnaissance vocale, la vitesse d’articulation et le débit de parole.
Vocaux authentiques et spontanés
’ Les messages vocaux constituent des données précieuses. Ils sont souvent spontanés et reflètent une situation de parole authentique, enregistrée dans des conditions réelles d’échange par messagerie. Ils n’ont pas été créés pour notre recherche mais existent déjà. Notre campagne participative vise à récolter des audios déjà existants ’, commente Laure Anne Johnsen, professeure titulaire à l’Institut de langue et civilisation françaises de l’Université de Neuchâtel, avant d’ajouter : ’ Bien souvent, on utilise les vocaux pour communiquer avec des personnes dont on est proche sur des sujets et dans des situations du quotidien. Ces messages capturent de la parole ordinaire et se distinguent d’extraits de parole préparée, publique ou mise en scène. Il s’agit d’une pratique de communication émergente, dont on ne connaît pas le destin et qu’il reste à caractériser, notamment en contraste avec d’autres modes de communication comme les échanges en face-à-face, les appels téléphoniques, les SMS, etc. ’.
L’avantage d’une démarche participative
’ Les sciences participatives désignent l’ensemble des procédés utilisés par les équipes de recherches pour faire participer la foule à leurs activités scientifiques. Le centre de dialectologie de l’UniNE, qui fête ses 50 ans cette année, a une longue expérience dans ce domaine. Les smartphones et les réseaux sociaux ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche et la collecte de données, nous permettant d’avoir accès à des milliers d’échantillons dans des temps record, de façon décentralisée. Les perspectives qu’offre ce paradigme de recherche sont très prometteuses et constituent de nouvelles opportunités passionnantes pour l’avancement de notre connaissance du français parlé par les jeunes Romand-e-s ! ’, ajoute de son côté Mathieu Avanzi, professeur ordinaire et directeur du Centre de dialectologie et d’étude du français régional à l’UniNE.