L’idée selon laquelle la lumière exercerait une influence favorable sur l’humeur constitue un principe communément admis. Pourtant, les processus cérébraux qui président à cet effet demeurent pour une large part inexplorés. Une équipe de chercheurs,vient de combler une partie de cette lacune en mettant en évidence le rôle immédiat de la lumière et de la couleur sur les émotions. Ces résultats revêtent une importance certaine pour les questions relatives aux traitements psychiatriques par luminothérapie et pour la régulation de la luminosité dans les environnements domestique ou professionnel.
On admet en général assez aisément qu’une journée bien ensoleillée est susceptible de produire un effet bénéfique sur l’humeur. Les mécanismes cérébraux responsables de cet effet propre à la lumière demeurent cependant en grande partie méconnus. Dans cette perspective, des chercheurs de l’Université de Genève viennent d’étudier le rôle de la lumière et de sa couleur, dans le traitement émotionnel cérébral en recourant à l’imagerie par résonance magnétique cérébrale.
Une influence lumineuse
Les résultats de leur étude montrent que la couleur de la lumière ambiante influence de façon décisive la manière dont le cerveau traite des stimulations émotionnelles. Fruit d’une importante collaboration internationale, cette découverte a été rendue possible par la mise en commun de compétences très diverses et complémentaires. En effet, parmi les chercheurs impliqués, on comptait notamment des experts en psychologie, des neuroscientifiques travaillant sur les rythmes circadiens, des spécialistes de la prosodie émotionnelle et du système visuel.
Concrètement, pour parvenir à ses résultats, l’équipe de recherche a réalisé l’expérience suivante: des volontaires sains écoutaient soit des «voix fâchées» soit des «voix neutres», tout en étant exposés à une lumière bleue ou verte. L’enregistrement de l’activité cérébrale durant cette expérience a montré que la lumière bleue augmente les réponses aux sons émotionnels dans la «zone cérébrale de la voix» et dans l’hippocampe — une zone importante pour la mémoire. Mais aussi que la lumière renforce les liens entre l’amygdale — une zone déterminante dans les processus émotionnels —, et l’hypothalamus, qui est essentiel dans la régulation des rythmes biologiques par la lumière. Il a ainsi été possible d’en conclure que la lumière bleue modifie l’organisation fonctionnelle du cerveau.
Une influence immédiate
Alors que des expériences sont actuellement en cours afin d’explorer l’effet de stimulations lumineuses sur les mécanismes cérébraux liés aux dépressions saisonnières, ces premiers résultats chez des individus sains apportent d’ores et déjà un éclairage important quant à la compréhension des mécanismes qui soustendent l’effet de la lumière ambiante sur l’humeur. Et cela, que ce soit pour le traitement de maladies psychiatriques par luminothérapie ou dans la possibilité qu’ils apportent d’un meilleur contrôle quotidien de la luminosité de notre environnement domestique ou professionnel.