Des chercheurs ont mis en évidence l’implication majeure d’un manque de lactate dans certaines pathologies neurodégénératives.
Le rôle essentiel des oligodendrocytes, un type particulier de cellules cérébrales, dans la myélinisation des axones permettant d’assurer la propagation des signaux neuronaux est bien connu depuis les années soixante. Il est par ailleurs établi que certains dysfonctionnements de ces cellules entraînent une neurodégénérescence que l’on retrouve dans plusieurs maladies affectant le système nerveux central. Une nouvelle hypothèse métabolique a toutefois récemment vu le jour, qui pourrait expliquer la cause de certaines de ces pathologies. Il a été proposé que le lactate, un substrat produit à partir du glucose, représenterait une source énergétique essentielle pour assurer le fonctionnement des axones.
La sclérose latérale amyotrophique directement concernée
Dans leur étude publiée dans Nature, les scientifiques américains et suisses ont d’une part démontré que les oligodendrocytes expriment un transporteur spécifique appelé «Monocarboxylate Transporter 1», ou MCT1, permettant de fournir le lactate nécessaire aux axones. Ils ont d’autre part mis en évidence les conséquences d’une déficience de l’expression de ce transporteur en utilisant pour ce faire une souris transgénique générée par le groupe du Pellerin. «Lorsque l’expression du MCT1 est déficiente, comme c’est le cas chez notre souris transgénique, une dégénérescence axonale est observée non seulement au niveau de sa moelle épinière, mais aussi dans des modèles in vitro. De plus, nous avons remarqué que l’expression de ce même transporteur est réduite chez des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique - une maladie neurodégénérative - ainsi que chez des modèles murins de cette maladie», détaille Luc Pellerin.
Vers des applications thérapeutiques potentielles
Ces travaux établissent ainsi un rôle nouveau des oligodendrocytes comme soutien métabolique pour les axones. Ils démontrent par ailleurs l’implication directe d’un déficit d’approvisionnement énergétique dû à une expression insuffisante du transporteur MCT1 comme cause possible de la sclérose latérale amyotrophique. Enfin, ils mettent en lumière un élément essentiel à prendre en compte dans les stratégies thérapeutiques développées pour contrer cette maladie. «Il ne suffira pas de stimuler la génération de nouveaux oligodendrocytes à partir de cellules précurseurs endogènes, comme envisagé jusqu’à présent. Il faudra être en mesure d’augmenter leur expression de MCT1, afin de permettre un approvisionnement de lactate suffisant aux axones, ou alors avoir recours à des transplantations d’oligodendrocytes exprimant des niveaux de MCT1 normaux, voire supérieurs», conclut Luc Pellerin.