La rupture de la communication entre le cerveau et le corps, notamment suite à une lésion de la moelle épinière, peut affecter radicalement la manière dont le corps est perçu et représenté. Telle est la conclusion d’une étude menée par le Dr Silvio Ionta, privat-docent à la FBM et maître assistant FNS au Laboratoire d’investigation neurophysiologique (The LINE) du CHUV. Les résultats sont à découvrir dans l’édition du 4 février 2016 de la revue «Nature - Scientific Reports».
Les interactions cerveau-corps sont interrompues
La plupart d’entre nous organisent de manière cohérente les mouvements et les sensations, suggérant l’existence d’une interaction bidirectionnelle entre la représentation de notre corps et le système de traitement sensoriel au niveau de notre cerveau. Lors d’une lésion de la moelle épinière, les interactions cerveau-corps sont interrompues de manière partielle ou totale en fonction de l’importance de la lésion. L’effet de cette différenciation sur la représentation du corps est toutefois encore mal compris.
C’est précisément cette problématique qui intéresse le Dr Silvio Ionta, privat-docent à la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL et maître assistant FNS au Laboratoire d’investigation neurophysiologique du Département de radiologie médicale et du Département des neurosciences cliniques au CHUV. «Dans notre étude, nous avons quantifié les effets de la perte partielle ou totale de l’information périphérique, selon le type de lésion de la moelle épinière (partielle ou totale), sur différents aspects de la représentation corporelle», détaille le neuropsychologue. «Nous avons pu montrer pour la première fois un changement qualitatif de la représentation du corps, qui plus est dépendant de l’état de la lésion, complète ou incomplète».
En d’autres termes, si nous perdons le sens du toucher, mais la vue reste intacte, notre cerveau va créer une représentation du corps plus visuelle et moins tactile.
En permettant de mieux comprendre le statut de la représentation du corps après une lésion de la moelle épinière, cette étude offre de nouveaux éléments pour améliorer la progression de l’entraînement physique lors de la réhabilitation.