Les inégalités menacent le bien-être

Les inégalités menacent le bien-être

La pauvreté, le chômage et d'autres formes d'exclusion entravent le bien-être personnel. C'est ce que montre le Rapport social 2016 publié par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS avec l'appui du Fonds national suisse.

La population suisse est globalement satisfaite et heureuse et elle ne doute pas du sens de l’existence. Il existe toutefois d’importantes différences dans le détail, révèle le Rapport social 2016 consacré au bien-être (*), qui est édité par le Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS avec le soutien du FNS.

Le rapport examine les sentiments subjectifs de la population suisse. Il évalue sa satisfaction dans différents aspects de la vie tels que le travail, la famille ou les loisirs et se penche sur ses joies et inquiétudes. Pour saisir l’amalgame complexe qu’est le bien-être, les chercheurs et les chercheuses de FORS ont analysé diverses banques de données nationales et internationales.

On ne s’habitue pas à la pauvreté et à l’exclusion

Le rapport montre que le bien-être est sérieusement mis à mal lorsque des personnes sont exclues, qu’elles soient reléguées en marge du système de formation ou du marché du travail ou qu’elles basculent dans la pauvreté. Les personnes sans emploi, celles qui sont à la retraite en raison d’une invalidité ou celles qui vivent dans la pauvreté sont nettement moins satisfaites de leur vie. Cette situation ne s’améliore pas avec les années: on ne s’habitue pas à la pauvreté et à l’exclusion.

La population suisse se dit très satisfaite du système de formation ainsi que de la vie professionnelle et des conditions encadrant cette dernière. Comme attendu, les personnes à haut revenu sont plus satisfaites de leur situation financière que les autres et se font moins de soucis. Mais leur satisfaction globale n’est pas plus haute que celle de gens disposant d’un revenu un peu plus modeste.

Effet positif temporaire du mariage et des naissances

Les personnes interrogées se disent également très contentes de leur environnement social. La famille nucléaire joue à cet égard un rôle important: les gens en couple ont tendance à être plus satisfaits, connaissent davantage de joies et sont moins tristes que les personnes seules.

Des évènements majeurs de la vie tels que le mariage ou la naissance du premier enfant renforcent le sentiment de bien-être déjà avant leur survenue, mais leur effet s’estompe assez rapidement. Les gens mariés éprouvent un bien-être plus grand que les personnes divorcées ou veuves. De loin, ce sont les individus séparés qui se sentent le moins bien: les phases transitoires semblent particulièrement néfastes pour le bien-être.

Les jeunes contents de leur santé, les aînés de leurs loisirs

Le degré de satisfaction des différents domaines de la vie évolue au cours du temps. Les gens deviennent moins satisfaits de leur santé en vieillissant, mais davantage au sujet de leur situation financière. Les jeunes et les aînés sont contents de leurs loisirs. Les personnes d’âge moyen le sont moins parce qu’elles manquent de temps à côté de la famille et du travail. En revanche, la satisfaction globale et le sentiment d’une vie bien remplie dépendent moins de l’âge.

Les résultats du Rapport social sur le bien-être de la population suisse montrent que la prise en compte d’aspects subjectifs permet d’aborder les inégalités sociales sous une facette supplémentaire et enrichit ainsi la description des phénomènes sociaux.

(*) Franziska Ehrler, Felix Bühlmann, Peter Farago, François Höpflinger, Dominique Joye, Pasqualina Perrig-Chiello et Christian Suter (éds). Rapport social 2016: Bien-être. Zurich: Seismo-Verlag, 328 pages.

Rapport social 2016: Bien-être

Le Rapport social permet aux sciences sociales suisses de documenter de manière systématique la situation actuelle de la société et les principales évolutions sociales en Suisse. Soutenu par le Fonds national suisse, il paraît tous les quatre ans depuis 2000. L’édition 2016 met l’accent sur les sentiments subjectifs de la population, sur sa satisfaction dans différents domaines de la vie ainsi que sur ses joies et ses peines, ses bonheurs et ses inquiétudes.

Les graphiques et les données sont intégralement disponibles sur ce site:

Les éditeurs

Franziska Ehrler, rédactrice du Rapport social auprès du Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS.
Felix Bühlmann, professeur de sociologie à l’Université de Lausanne.
Peter Farago, professeur honoraire à l’Université de Lausanne et directeur fondateur du Centre de compétences suisse en sciences sociales FORS.
François Höpflinger, professeur honoraire de sociologie et membre de la direction académique du Centre interfacultaire de gérontologie à l’Université de Zurich.
Dominique Joye, professeur de sociologie à l’Université de Lausanne.
Pasqualina Perrig-Chiello, professeure de psychologie à l’Université de Berne.
Christian Suter, professeur de sociologie à l’Université de Neuchâtel.