Le glioblastome est la tumeur maligne primitive du cerveau la plus fréquente. Elle est aussi la plus agressive et la plus létale. L’équipe du Prof. Ivan Stamenkovic de l’Institut universitaire de pathologie UNIL-CHUV a découvert un nouveau mécanisme de maintien des cellules souches cancéreuses dans le glioblastome qui pourrait avoir des implications thérapeutiques importantes dans son traitement. Les résultats sont à découvrir dans l’édition en ligne du 12 mai 2016 de la revue «Cell Reports».
Malgré des approches thérapeutiques multimodales et agressives, le taux de survie du glioblastome à cinq ans est inférieur à 5%. De récentes recherches laissent penser que cette résistance au traitement pourrait être la conséquence de l’organisation hiérarchique des cellules tumorales qui engendre une forte hétérogénéité au sein de la tumeur. «Les glioblastomes renferment une sous-population de cellules hautement plastiques capables de se renouveler, d’initier une tumeur et de se différencier. On pense que ces cellules, dites cellules souches, sont les principales responsables des résistances aux thérapies et des rechutes», explique Ivan Stamenkovic, professeur ordinaire à l’Institut universitaire de pathologie UNIL-CHUV et directeur de l’étude.
Agir sur le processus de reprogrammation
Dans leurs travaux publiés dans Cell Reports, les scientifiques ont cherché à mieux comprendre les processus impliqués dans l’établissement et le maintien de ces cellules souches du glioblastome. Ils ont découvert que la régulation de la fonction d’une famille de microRNAs serait à l’origine du mécanisme de reprogrammation qui accompagne la transformation et le développement des cellules souches cancéreuses. Constitués d’une vingtaine de nucléotides, les microRNAs forment l’une des grandes voies de régulation de l’expression des gènes.
«Nous avons mis en évidence que la famille des microRNAs baptisée «let-7» ainsi que plusieurs de ses gènes cibles qui devraient être réprimés, sont hautement exprimés dans les cellules souches du glioblastome», détaille le Prof. Stamenkovic. En d’autres termes, les gènes cibles de let-7, dont plusieurs sont des oncogènes et des gènes responsables du maintien des cellules souches, sont protégés de la dégradation. La protéine responsable de cette protection se nomme IMP2. Il s’agit d’une protéine qui lie les RNA messagers (mRNAs) et qui empêche leur dégradation par la famille des microRNAs let-7. En protégeant ces mRNAs de la dégradation et en maintenant leur expression, IMP2 empêche la différentiation des cellules et participe ainsi au maintien de leur plasticité. «De quoi peut-être offrir, à terme, de nouvelles cibles thérapeutiques», conclut le professeur.