L’UNIGE et l’ETH Zurich créent un pôle interdisciplinaire pour la diplomatie scientifique au coeur de la Genève internationale. Les outils et les méthodes de la science seront au service du multilatéralisme, afin de répondre efficacement aux défis sociétaux du 21ème siècle.
Les nouvelles technologies offrent aux scientifiques des pistes encore inexplorées, reposant sur des méthodes quantitatives, pour la résolution de problèmes complexes. C’est particulièrement vrai dans le domaine de la diplomatie, où les méthodologies traditionnelles restent essentiellement qualitatives. Afin de développer et d’utiliser au mieux ces nouvelles technologies, l’Université de Genève (UNIGE) et l’ETH Zurich créent un Laboratoire pour la diplomatie scientifique (SiDLab). Les deux institutions contribuent ainsi au resserrement des liens entre science et diplomatie et au développement de la Genève internationale. Elles visent à améliorer la gouvernance et répondre avec efficacité aux défis globaux, qu’ils soient sanitaires, politiques ou encore climatiques.
Science et diplomatie sont aujourd’hui au service l’une de l’autre. La diplomatie stimule la recherche lorsqu’elle fixe des objectifs politiques communs, par exemple dans la lutte contre le changement climatique, et la science lui fournit en retour des outils qui faciliteront la compréhension des mécanismes du multilatéralisme.
Les travaux du SiDLab reposeront sur les apports conjoints de deux chaires. La première chaire, à l’Université de Genève, est axée sur la diplomatie computationnelle. Développée conjointement par le Global Studies Institute (GSI) et le Département d’informatique de la Faculté des sciences de l’Université de Genève, elle réunira deux profils complémentaires. L’un en science des données avec une spécialisation dans le -machine learning-, l’autre centré sur la catégorisation des données en lien avec les théories de la complexité et les études globales. La deuxième chaire, à l’ETH Zurich, est axée sur l’ingénierie de négociation, l’approche scientifique des négociations et de l’analyse des conflits.
Ce projet commun, initié en 2019 par Micheline Calmy-Rey alors professeure invitée au GSI et Michael Ambühl, professeur de négociation et gestion de conflit à l’ETH Zurich, profite également d’une collaboration avec le Geneva Science and Diplomacy (GESDA). Il permettra de renforcer la Suisse en tant que pôle d’excellence scientifique et le rôle de Genève comme centre du multilatéralisme.
Excellence scientifique suisse et Genève internationale
«Nos compétences académiques viennent renforcer la Genève internationale. Nous apportons de nouveaux outils au service de la gouvernance internationale qui permettront l’émergence d’un multilatéralisme 2.0», s’enthousiasme Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève. «La création de ce laboratoire contribue à la réputation d’excellence scientifique de la Suisse et renforce sa position sur la scène multilatérale internationale", ajoute Joël Mesot, président de l’ETH Zurich.
La diplomatie computationnelle permettra d’améliorer la compréhension des enjeux globaux par le développement d’un nouveau cadre théorique des relations internationales, l’usage de nouveaux algorithmes et le recours à la puissance de calcul mobilisable pour développer des scenarii. Michael Ambühl souligne également que «grâce à des méthodes quantitatives telles que l’optimisation mathématique, la théorie des jeux et les statistiques, l’ingénierie de la négociation contribuera à résoudre des problèmes complexes. Le langage mathématique permet d’accroître la logique des négociations et de désamorcer les conflits émotionnels sous-jacents».
«L’intelligence artificielle (IA) et le machine learning (ML) peuvent être utilisés en premier lieu pour vérifier l’intégrité des données et détecter les fake news qui sont désormais facilement créées grâce aux technologies modernes. Il est en effet essentiel qu’un processus diplomatique soit fondé sur des informations validées», explique Bastien Chopard, Directeur du département d’informatique de la Faculté des sciences de l’Université de Genève.
«La diplomatie scientifique, fondée sur l’ingénierie de la négociation et la diplomatie computationnelle, est l’un des principaux sujets émergents identifiés dans le Science Breakthrough Radar du GESDA, déclare Peter Brabeck-Letmathe, président du GESDA. C’est pourquoi nous sommes fiers de nous associer à l’ETH Zurich et à l’Université de Genève pour la mise en place de leur laboratoire commun pour la diplomatie scientifique.»
Définir un nouveau multilatéralisme
Les récents défis, climatiques et sanitaires, auxquels nos sociétés sont confrontées ont révélé les faiblesses du multilatéralisme actuel, notamment lorsqu’il s’agit de trouver des solutions aux crises globales. «Nous constatons que les théories actuelles selon lesquelles les académiques modélisent et analysent le comportement des acteurs ne correspondent plus à la réalité, notamment sur la perception de l’Etat souverain qui défend ses intérêts», souligne Nicolas Levrat, directeur du GSI. Les avancées de la recherche académique permettront la mise en place de nouveaux modèles qui fourniront des outils innovants aux diplomates et autres acteurs/trices internationaux et leur permettront d’améliorer les processus de négociation et les solutions collaboratives qui en découlent.
8 octobre 2021