Humanitaire: gestion de l’eau en cas d’urgence à l’aide d’une app

Des ingénieurs venus de Syrie, d’Ethiopie, d’Irak ou du Nigéria participent, à Colombier, à un exercice pratique de gestion de l’eau en cas d’urgence, au bord du lac de Neuchâtel. Ils vont se familiariser avec une nouvelle application sur téléphone portable pour mieux planifier leur intervention. Cette formation, appelée WATSAN, est organisée par le Centre d'hydrogéologie et de géothermie (CHYN) de l'Université de Neuchâtel (UniNE) et l’unité Eau et Habitat (WATHAB) du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Cette année, treize nationalités sont représentées parmi les 20 participants à l’exercice. Les organisateurs ont ajouté une nouveauté pour 2017 : l’évaluation de la situation sur le terrain à l’aide d’une app sur téléphone portable. «Cette cartographie rapide permet de mieux planifier une intervention ciblée en prenant en compte non seulement la gestion de la crise tout en esquissant une perspective de moyen à long terme», précise Sergio Gelli, chef adjoint de l’Unité WATHAB du CICR.

Unique en son genre en Europe, le cours Water and sanitation in emergencies (WATSAN) se déroule du 24 juin au 1er juillet. Il s'adresse à des professionnels suisses et étrangers concernés par les domaines de l'eau et de la santé dans un contexte humanitaire. Le cours comprend des enseignements théoriques dispensés à l’UniNE, mais aussi et surtout une phase pratique sur le terrain qui dure deux jours. Venus pour la plupart de régions touchées par une crise humanitaire majeure, voire par la guerre, les participants sont confrontés à un scénario catastrophe que certains connaissent déjà dans leur pays d’origine.

La phase pratique de WATSAN qui se joue à Colombier jeudi et vendredi simule une mission d'urgence : construire un camp suite à un déplacement massif de population dont il faut assurer l’approvisionnement en eau potable. Grâce aux outils et conseils fournis par le CHYN et le CICR, les participants évaluent les ressources en eaux de la zone et leur qualité, font des essais de pompage et assemblent une station de traitement dans le but d'acheminer l'eau du lac jusqu'à un robinet. Autant d’actions visant à répondre aux besoins de populations affectées par une crise majeure.

Les participants apprécient la combinaison de trois domaines (eau, assainissement et hygiène) dans un seul module dispensé en peu de jours. L’acronyme anglais WASH (water, sanitation and hygiene) est d’ailleurs bien connu du milieu humanitaire. « Mais personne ne peut être spécialiste dans tous ces domaines », nuance Ellen Milnes, coordinatrice du cours WATSAN. Ce cours offre de bonnes bases dans les thématiques qui ne relèvent pas des compétences directes du participant. Donné par des spécialistes de différentes institutions, académiques et non académiques, WATSAN contribue à améliorer la communication entre professionnels travaillant dans les domaines concernés.

Le succès de cette formation qui existe depuis 1995 est constant. «Beaucoup de participants viennent par le ‘bouche à oreille’. Régulièrement, des gens qui ont suivi ce cours sont recrutés par le CICR et d’autres organisations humanitaires», se réjouit Ellen Milnes.