Neuchâtel, le 5 mars 2010. Alors que Paul de Tarse passe parfois pour un misogyne, une étudiante en histoire de l’Université de Neuchâtel nuance cette réputation, dans un travail de recherche* qui lui a valu le Prix d’Excellence 2009 de la Faculté des lettres et sciences humaines. Selon Angéline Rais, Paul de Tarse fait au contraire preuve d’avant-garde en évoquant l’égalité des hommes et des femmes devant Dieu. Au 1er siècle de notre ère, il parle déjà de participation active des femmes aux célébrations culturelles des jeunes communautés chrétiennes...
L’origine de la réputation misogyne de Paul de Tarse vient des paroles de la première épître aux Corinthiens, avec des affirmations comme «le chef (« la tête ») de la femme, c’est l’homme !» (1Co 11,3). «En première lecture, observe Angéline Rais, l’apôtre semble reléguer la femme à une position tout à fait négligeable ; elle paraît soumise à son époux sans autre forme de procès. Cette façon de penser qui dicte le silence aux femmes correspond aux modèles de la société antique tant du côté grec que juif.»
Le christianisme de cet apôtre, missionnaire et fondateur de nombreuses communautés chrétiennes cherche à être égalitaire tout en s’ancrant dans la société antique patriarcale centrée sur l’homme, et qui marginalise la femme. Un passage est révélateur de cette recherche d’égalité (Galates 3,28): «Il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ».
L’ouverture de Paul se réfère à l’héritage repris de Jésus dans ses appels à l’égalité entre les Chrétiens, un principe clairement novateur au 1er siècle. L’apôtre se place également en précurseur quand il donne des responsabilités aux femmes en leur autorisant la prière, les prophéties ou le service de l’Eglise.
«Mais attention, avertit la jeune historienne, tout cela n’est applicable que dans le cadre chrétien. Le but premier n’est pas forcément d’interdire ou de permettre quoi que ce soit aux femmes. Il s’agit avant tout de veiller au bon déroulement du culte, afin que chacun puisse y participer.»
Au-delà de la question des sexes, Paul de Tarse veut privilégier le respect des peuples à travers l’éducation des enfants. Il instruit les fidèles des diverses églises en leur inculquant les principes d’égalité et de justice. Paul reste un homme de son temps qui veille à l’épanouissement des communautés marquées par la liberté chrétienne et le respect mutuel.
Le travail primé s’inscrit dans le cadre du séminaire: « Epouse, mère, putain - la femme dans la tradition biblique », animé par le Prof. Martin Rose. Angéline Rais l’a suivi en 3e année de bachelor : «Mon travail de maturité gymnasiale se concentrait déjà sur les femmes de la Bible. De plus, je suis particulièrement sensible à la cause des femmes et les sciences bibliques m’ont toujours beaucoup intéressée. Ce séminaire a montré que, déjà pendant l’Antiquité, des femmes se battaient pour être reconnues et faire entendre leurs droits au sein d’une communauté religieuse.»
*Le regard de Paul de Tarse sur les femmes, Angéline Rais, Recherche documentée, Séminaire de sciences bibliques du Prof. Martin Rose, Université de Neuchâtel, août 2009.