Sur la base d’échantillons de roche provenant d’une zone au Nord du Namche Barwa, à l’Est de la chaîne de montagnes tibétaines, des chercheurs de l’UNIL ont mis au point une nouvelle méthode qui permet de calculer la vitesse d’érosion. Les résultats sont publiés dans la dernière édition du magazine Science.
Un laboratoire de géologie de l’UNIL s’est attelé à analyser des roches provenant du Namche Barwa, l’un des sommets de l’Himalaya, selon une méthode conçue spécialement pour ce travail. La recherche, publiée dans le dernier numéro du magazine Science, montre notamment une forte interaction entre le climat, l’érosion et la tectonique, ainsi qu’une déformation de la zone est du massif montagneux vers le Nord au cours des âges.
« Notre objectif de départ était de réussir à atteindre une échelle de temps comparable à celle du climat, explique Frédéric Herman, professeur associé à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre et coauteur de l’article. Jusqu’à présent, les chercheurs qui proposaient un couplage entre le climat, l’érosion et la tectonique comparaient des données selon des échelles de temps incomparables. »
Histoire de remettre les pendules à l’heure, l’équipe de recherche a monté un laboratoire, puis développé une méthode inédite en mesure de lier les différentes échelles de temps et ainsi constater des variations sur des centaines de milliers d’années. «Le taux d’érosion de la syntaxe à l’est, le point de pivot entre les plaques de l’Inde et de l’Asie, est de l’ordre de 7 à 10 millimètres par an. Ce qui représente le taux le plus élevé observé sur terre. Sur des échelles géologiques, lorsque l’on passe à un million d’années, cela représente 7 à 10 kilomètres. C’est considérable», souligne le chercheur.
Il aura fallu six ans à l’équipe de recherche pour établir et appliquer sa méthode, qui exploite une nouvelle propriété physique de la luminescence stimulée optiquement (OSL). Il s’agit de donner de l’énergie aux électrons pour les exciter, en les chauffant ou en les exposant à la lumière, afin que ceux-ci se retrouvent piégés dans les défauts de la structure cristalline. Là par exemple où un atome manque. En remontant à la surface de la terre, la température étant moins élevée, la roche perd de l’énergie, et les électrons restent piégés les cristaux. «L’idée est de mesurer la quantité d’électrons piégés. Ils nous permettent de calculer le temps que la roche prend pour voyager vers la surface, ensuite de quoi nous pouvons convertir en une vitesse qui est celle de l’érosion.»
L’Himalaya est un terrain de jeu privilégié des géologues, en raison de la convergence importante entre les plaques de l’Inde et de l’Asie, des précipitations et des reliefs très élevés. «Tout y est extrême», conclut Frédéric Herman.