Dans Rencontres postexotiques. Transmettre et éprouver les danses sabar en France et en Suisse, Alice Aterianus-Owanga, professeure assistante en anthropologie à l’Université de Neuchâtel, explore les réseaux et mondes sociaux produits autour de la transmission du sabar, une danse sénégalaise souvent incluse dans le registre des ’ danses traditionnelles ’ dans les cours dispensés en Europe, et objet de multiples transformations dans les villes sénégalaises.
Des relations et des échanges
L’un des objectifs centraux du livre est de mieux comprendre l’émergence et les mutations du marché des ’ danses africaines ’, un secteur qui s’est développé dans de nombreuses villes françaises et suisses depuis le début des années 1970, jusqu’à devenir partie intégrante de l’offre de loisirs et de pratiques amateurs. Que nous apprennent ces rencontres à propos des transferts culturels, des relations et des reconfigurations de regards sur l’Autre se jouant entre l’Afrique et l’Europe d’aujourd’hui ?Pour mener sa recherche, l’anthropologue a réalisé une observation participante de quatre années dans des cours, stages et rencontres réunissant des artistes musiciens et danseurs avec des élèves françaises et suisses, au Sénégal, en France, en Suisse et dans d’autres villes européennes où ces artistes circulent. Elle a suivi durant plusieurs années les relations tissées entre ces actrices et acteurs révélant des systèmes d’échange où s’articulent le culturel, l’émotionnel, l’intime, l’économique et le religieux.
L’ouvrage d’Alice Aterianus-Owanga fournit un éclairage inédit sur ce secteur artistique, qui transforme au fil du temps les villes européennes et les circuits de la ’ Méditerranée noire ’, mais qui avait rarement été examiné sous cet angle par les sciences sociales.