Vous avez conçu la start-up STEV-Motion et créé le robot viticole "Vineatrac". Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet?
Marc Stevanin : Après mes études à la HEIG-VD et à HES-SO Master, j’ai travaillé dans l’industrie pendant quatre ans. En parallèle, je vivais déjà à l’époque avec ma femme Valérie, vigneronne. Je baignais donc au quotidien dans le monde vigneron avec ses problématiques. J’ai pu constater qu’il y avait vraiment quelque chose à apporter à ce secteur-là.
En tant que passionné, que ce soit d’ingénierie ou de bricoles techniques en général, on a toujours envie de mettre ses compétences au service de nos proches. J’ai donc demandé à ma femme comment je pourrais l’aider à accomplir certaines de ses tâches. Pour elle, le problème était vraiment les travaux mécanisés. Car, sur son tracteur, elle avait des fois peur en raison des vignes en pente. Pour moi, c’était un challenge mais aussi un exercice très stimulant car j’apprécie tout ce qui est en lien avec les véhicules.
Comment fonctionne ce robot viticole et à quels besoins répond-il?
On l’appelle "robot" car c’est une machine automatisée, mais en fait c’est une sorte de petit véhicule autonome et compact sur chenilles, pour remplacer un tracteur sur pneus. On peut lui accoupler des outils pour faire différentes tâches mécanisées de la vigne, comme par exemple la pulvérisation de produits pour protéger contre les maladies, le fauchage de l’herbe ou le désherbage mécanique.Une fois la parcelle cartographiée et les repères GPS paramétrés, le robot est capable de s’autoguider et de gérer également l’outil. Par exemple, s’il doit pulvériser, il va activer la pulvérisation, régler les pressions, se déplacer puis s’arrêter tout en autonomie.
Vous avez obtenu un Bachelor HES-SO en Génie électrique à la HEIG-VD puis un Master in Engineering à HES-SO Master. Que vous ont apporté ces études dans la concrétisation de votre projet?
Dans mon projet, il y a une grande partie de programmation et de développement électronique. Sans les études, cela aurait été très difficile de faire les choses correctement pour en faire un vrai produit. La HEIG-VD m’a soutenu financièrement et techniquement, en me décernant notamment le prix Tech Grant 2021. Comme mon projet est très multidisciplinaire, mon côté autodicacte m’a également permis d’acquérir d’autres connaissances.
Vous parlez de multidisciplinarité. Votre projet englobe de multiples savoir-faire comme l’ingénierie, l’innovation, l’entrepreneuriat, le travail de la vigne. Avez-vous collaboré avec différents partenaires?
La multidisciplinarité, pouvoir toucher à tout, c’est ça que j’aime ! Je ne suis pas un grand passionné de vigne, mais j’apprécie tout ce qui va avec la vigne, le fait de devoir travailler dehors, aller sur le terrrain pour les tests. J’arrive à me rendre compte quand il faut que je m’entoure des bonnes personnes, il y a toujours des conseils à glâner à droite et à gauche. Quelques personnes de la HEIG-VD m’ont bien aidé. Mais le robot étant construit et développé entièrement en interne, je garde la main sur tout le processus.
Quelle est la portée du produit et ses perspectives d’évolution?
En Suisse, le marché est restreint, mais rien qu’en Europe il y a vraiment beaucoup d’hectares. Comme mon produit cible plutôt les terrains difficiles, cela peut concerner environ 30% du vignoble européen. Donc ça reste un marché conséquent pour une entreprise locale. Le robot en soi, il nécessite quelques adaptations, mais il peut facilement se transformer à d’autres applications comme l’arboriculture.En tant qu’ingénieur·e, on veut toujours faire des petites améliorations. Ma méthode c’est de les noter, les mettre de côté, et, quand on refait une nouvelle série de robots, les appliquer, mais avec une rétrocompatibilité pour que les pièces puissent s’interchanger. Quand les améliorations sont mineures, on essaye de les appliquer directement sur les machines des clients pour avoir tout notre parc de machines au même stade.