Vulnérabilité des banques européennes

Vulnérabilité des banques européennes

Vendredi 29 juillet, l’autorité bancaire européenne (EBA) publiait les résultats de son stress test qui mesure le niveau de résistance des banques de la zone euro face à un choc potentiel. Une étude comparative conduite par Diane Pierret, prof. en finance à HEC Lausanne (UNIL), en collaboration avec les prof. Viral V. Acharya de l’Université de New-York et Sascha Steffen de l’Université de Mannheim, révèle des résultats plus inquiétants que ceux indiqués par l’EBA.

Les résultats annoncés vendredi dernier par l’EBA ont fait ressortir que parmi les 51 banques européennes qui ont participé au stress test, seule une banque, Banca Monte dei Paschi di Siena, devrait se recapitaliser. Contrairement aux éditions précédentes, l’EBA a communiqué uniquement les ratios de capitalisation des banques, sans préciser le seuil sous lequel un établissement bancaire serait considéré comme vulnérable et en manque de capital.
Dans l’étude intitulée «Introducing the "Leverage Ratio" in Assessing the Capital Adequacy of European Banks» et publiée le 1er août 2016, Diane Pierret et ses coauteurs se sont appuyés sur deux méthodes qui leur ont permis d’évaluer le montant total du besoin en recapitalisation:
1. En appliquant les règles prudentielles américaines, 29 banques européennes seraient alors concernées par un besoin en recapitalisation, soit un montant total de 123 milliards d’euros.
2. En se référant à l’indice de mesure du niveau de risque systémique SRISK développé par le CRML à HEC Lausanne-UNIL et Vlab à NYU Stern, le manque en capital atteindrait dans ce cas 675 milliards d’euros (décembre 2015), et ce uniquement pour les 34 banques cotées en bourse. A noter que l’indice SRISK se base sur des données de marché et a augmenté de 207 milliards d’euros entre décembre 2015 et juin 2016 (reflètant des événements survenus depuis comme le Brexit), tandis que le stress test utilise des données comptables datées de décembre 2015.
La prof. Diane Pierret commente ces résultats: «Un fait inquiétant est que la valeur de marché des fonds propres a fortement diminué par rapport à leur valeur comptable, ce qui explique notamment de gros écarts entre l’estimation du marché du manque de capitalisation des banques et les mesures utilisées par les autorités. La réaction négative du marché suite à la publication des résultats du stress test renforce ce sentiment de déconnexion entre les attentes du marché et les actions du régulateur.»