
Depuis le corridor du dernier étage de l’école primaire du Pontet à Écublens, les élèves peuvent admirer chaque jour leurs créations par les fenêtres. Sur le toit du pavillon rebuiLT, construit au pied de l’établissement scolaire, certaines tuiles se distinguent des autres, peintes de toutes les couleurs au gré de l’imagination des jeunes artistes. Partenaires de cette démarche participative, ces enfants font aussi partie de cette aventure autour du réemploi née à l’EPFL en 2022 dans le cadre d’un
Le pavillon, encore en construction, devrait être achevé en début d’année 2025. La pièce centrale - de grands modules en béton structurels extraits d’un bâtiment voué à la démolition à Renens - a déjà reçu sa charpente et son toit. Les murs en paille porteuse recouverts d’enduits en terre ont été érigés l’été dernier. Les fenêtres de réemploi et l’évier ont trouvé leur place dans ce nouvel espace, fruit d’une riche collaboration entre rebuiLT, l’EPFL, la Commune d’Écublens et divers actrices et acteurs de la construction.

Chasse aux matériaux
Premier défi: trouver les matériaux. Une équipe spécialement dédiée à cette tâche a été constituée et a arpenté près d’une centaine de chantiers de la région et une dizaine de ressourceries, ces lieux de stockage d’articles de construction de deuxième main. «Le bouche-à-oreille a aussi bien fonctionné. Nous devions à chaque fois aller sur place et évaluer les pièces à disposition, car il n’existe pas encore de processus de référencement standardisé. Dans plusieurs cas, nous avons effectué nous-mêmes la déconstruction, un apprentissage en soi.» Les quelque 6000 tuiles qui recouvrent le toit du pavillon proviennent d’une vieille ferme située à Écublens. Le propriétaire a eu à coeur de participer à la démarche en acceptant de démonter les tuiles une à une, un travail plus fastidieux et onéreux que de simplement toutes les jeter dans une benne afin d’être amenées à la décharge.Dans l’application concrète du réemploi, les questions des normes de sécurité et de prise de responsabilité sont encore des enjeux majeurs à ne pas négliger, en particulier pour la construction d’un bâtiment public. Un poêle low-tech et efficace, développé dans le cadre d’un Les architectes, ingénieurs et ingénieures en formation ont donc opté pour la création d’un mur trombe en terre crue qui permettra uniquement de préchauffer passivement l’édifice.
Le projet est une démarche pédagogique, avec l’attribution de crédits pour les quelque 230 étudiantes et étudiants Bachelor et Master des sections ENAC et STI qui auront participé aux projets de semestre et workshops estivaux d’ici la fin du chantier. Mais également participative avec la présence de bénévoles, écolières et écoliers ou encore citoyennes et citoyens intéressés par le projet. «Il faut être capable d’établir un bon roulement et gérer au mieux le partage des connaissances», précise Sarah Planchamp. Et Xavier Morneau, étudiant québécois en échange pour sa dernière année de Bachelor en architecture à l’EPFL, d’ajouter: «C’est une expérience humaine et de terrain incroyable, qui permet de combiner et valoriser diverses techniques de construction, dont certaines ancestrales. Je me rappelle encore du moment où j’ai dû expliquer à un agriculteur qu’on allait utiliser sa paille pour fabriquer des murs.»